Dans l’atelier de Jana Gunstheimer à La Galerie Particulière

Née à Zwickau en Allemagne en 1974, Jana Gunstheimer a étudié l’ethnologie avant de se tourner vers des études d’art.

Elle expose depuis 2002 et a reçu de nombreux prix. S’attachant depuis le début au statut de l’image dans ses rapports avec l’écrit, les repentirs sur un manuscrit et la feuille blanche, elle expose actuellement jusqu’au 3 juin à La Galerie Particulière, 16 rue du Perche à Paris.

Dans « The Gap »(le fossé), elle déconstruit la figuration pour analyser l’image, en référence à la fenêtre d’Alberti, en tant que miroir du monde. Une thématique constante de son travail, proche de la démarche structuraliste en littérature, qui vise à augmenter son pouvoir sur la représentation de l’objet en en déconstruisant les codes.

Elle puise beaucoup dans la narration documentaire et celle de la fiction pour mettre en scène ses sujets.

Jana Gunstheimer est sans conteste une dessinatrice hors pair, qui propose à la fois une réflexion sur le rôle de l’art et une vision sur le processus de création, ses difficultés et les « repentirs » de l’artiste.

“Age practicing Self-Censorship” (La pratique de l’auto-censure vient avec l’âge), présente en son centre une partie censurée, le rendant intrigante ou absurde. “Punished image” dessine un portrait classique griffé par son auteur, défiguré pour interroger son statut de « belle image » ou « d’image juste ».

On retrouve également cette interrogation sur la fragilité de l’oeuvre dans « The Confiscation of the Contents of an Artist’s Studio » (où les tableaux du chevalet sont vides), et dans toutes les images de la série : The Artist’s Studio (2015).

Aus Dunkelkammern #12, 2013, graphite sur papier, 95,8 x 79 cm.

Une métaphore du travail dont elle donne à voir les différents stades d’aboutissement ou d’échec, comme pour faire réfléchir sur la nature et le geste du créateur. Un regard toujours intéressant et une composition souvent virtuose, qui rend énigmatique les outils les plus banals du dessinateur: la feuille, le siège ou le cadre. Peut-être parce qu’il y a un « fossé » entre le réel et ce qu’on en fait.

In meinem Haus, 2010, graphite sur papier / bois, 264 x 210 x 8 cm

Danièle Pétrès