Le livre au secours de la démocratie

Ce n’est pas un hasard si la presse mondiale a accordé un vaste écho aux conseils de lecture de Barack Obama, dont il faut rappeler ici qu’il a été le seul président en exercice à se voir décerner le prix Nobel de la paix.
Cet intérêt de la presse américaine s’est révélé au lendemain de l’élection de Donald Trump, président aux idées populistes, qui ont poussé sur le terreau du chômage de masse et du terrorisme. Insécurité, pauvreté et crise financière dessinent, on le sait, deux courants de pensée qui s’affrontent.

Ceux qui s’emploient à refonder la démocratie en se réappropriant leur citoyenneté pour penser une république plus juste, s’investissent dans une société horizontale, participative, locale. Ils défendent la culture en ayant compris que seul le savoir peut permettre de se défendre contre toutes les tentatives de captation du revenu du travail ou de l’inféodation à des idéologies mortifères.

D’autres, pensent que seule la force, la domination et le rejet de l’étranger (ou de l’étrange), peuvent amener un monde plus profitable et sécurisant. Il y a ceux qui pensent et ceux qui se laissent penser. Autonomie contre inféodation au plus fort, le monde depuis toujours, balance entre ces deux choix irréconciliables.

En janvier 2014, à Paris, après les attentats djihadistes perpétrés contre les membres de la rédaction de Charlie Hebdo et contre le personnel et les clients du supermarché juif de l’Hypercasher, c’est un livre qu’on a vu apparaître au milieu des bougies et des fleurs : « Le traité sur la Tolérance », de Voltaire. En novembre 2015, après les attentats perpétrés par des membres de l’Etat Islamiste à Paris, c’est aussi un livre qui est apparu au pied de la statue de la République comme pour panser les plaies d’une ville en deuil de ses enfants fauchés un soir, aux terrasses d’un café ou au spectacle : « Paris est une fête », d’Ernest Hemingway.

Dans cette partie de l’Occident, nos sociétés du Livre, au-delà des religions et des pratiques religieuses, qu’elles soient issues de la Bible, du Talmud ou du Coran, semblent revenir au livre pour tenter de réaffirmer leurs valeurs fondatrices.

Au lendemain de l’élection de Trump et des inquiétudes liberticides qu’elle distille, le livre ne serait-il pas le dernier rempart avant un endormissement toxique général ?

La recension des lectures de Barack Obama, qui dessine une partie de l’histoire de nos démocraties constitue la preuve en tout cas, qu’aux États-Unis aussi, c’est également du livre qu’on attend le début d’une prise de conscience citoyenne générale. Dans le contexte agité des élections présidentielles françaises de 2017, il est ainsi question d’envisager le livre comme un des derniers remparts à la défaite de la pensée.

Danièle Pétrès

Rédactrice en chef

Partager