Introduction au colloque du 8 novembre 2012

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Alain André, auteur français, a publié une douzaine de livres (romans, traductions, essais sur l’enseignement de l’écriture créative, nouvelles). Ce n’est pas un photographe professionnel ou un spécialiste du multimédia, mais il utilise beaucoup la photographie dans son travail. Il est le directeur pédagogique de l’école française d’écriture créative, Aleph-Écriture, où il conduit des ateliers (autobiographie, photographie, roman) et dirige les formations de formateurs en écriture.

Alain ANDRÉ

1. La première conférence pédagogique de l’EACWP

EACWP / Une histoire européenne

En tant que membre du conseil d’administration de l’EACWP, je participe à ces symposiums depuis quelques années – 4 ans, je crois. Dès le début, j’ai été frappé par l’atmosphère chaleureuse et hautement productive de ces réunions.

Pendant ces symposiums, nous avons pu nous comprendre les uns les autres, malgré la course d’obstacles que représente l’usage partagé de la langue anglaise. Nous utilisons l’anglais comme une sorte de latin moderne, une langue de communication, et c’est très positif, même si, surtout dans les pays latins, nous regrettons de constater que trois de nos animateurs sur quatre ne se trouvent pas vraiment en mesure de participer à nos travaux, faute de maîtriser suffisamment l’anglais.

Incidemment, j’aimerais bien que nous tenions un autre symposium, un jour, consacré à la manière dont nous utilisons la littérature anglo-américaine, ou les manuels d’enseignement de l’écriture créative anglo-américains, et même la langue anglaise, dans nos enseignements, en la comparant à celle dont nous utilisons nos littératures contemporaines nationales. Après tout, dans la mesure où nous vivons encore sous une certaine domination américaine, il n’est pas interdit de nous interroger là-dessus.

La conférence: un temps de partage pédagogique

Cette conférence représente un moment privilégié d’échanges de pratiques pédagogiques. L’accent y est mis sur la pédagogie de l’écriture créative, sur ses enseignants et ses chercheurs. Deux conférences internationales ont déjà été organisées par l’EACWP, et j’ai pu participer à l’une d’elles, celle d’Orivesi, en Finlande. Mais leur sujet était l’écriture créative en général, pas son approche pédagogique. Bien sûr, nous avons eu des échanges à ce sujet pendant son déroulement, disons, un tiers du temps, mais cela ne nous a pas permis d’approfondir.

Je me souviens d’avoir donné une mini-conférence  sur le thème « Comment commencer un roman » à Orivesi, une conférence sur mon « expérience d’auteur-enseignant-manager » et un atelier sur « les narrations polyphoniques », toujours à Orivesi, mais tout cela, ponctuel, n’avait rien à voir avec une expérience aussi interactive que celle que nous avons partagé à Paris.

2. Comment enseignons-nous?

Questions

Que pouvions-nous attendre de cette conférence ? Au cours des symposiums précédents, j’ai été passionné par nos échanges pédagogiques. Je me souviens d’une conférence d’Ángel Zapata à Madrid, à propos d’une nouvelle de Sam Shepard. Je me souviens d’une conférence de Daniel Soukup à Vienne sur la poésie. Je me souviens de plusieurs autres, que je ne peux pas rappeler ici. Ce qui m’a fasciné, chaque fois, c’est la manière dont l’Europe élargit le paysage national de nos débats pédagogiques. J’ai aussi été frappé par le fait que certains des questionnements sur lesquels nous travaillons ici en France, depuis longtemps, ne semblent pas revêtir la même importance dans les autres pays. Par exemple :

–       Quelle est la posture idéale d’un animateur d’ateliers d’écriture ? Je veux dire, est-il un enseignant ou bien quelque chose de totalement différent ?

–       L’art de l’enseignement de l’art d’écrire est-il spécifique ou bien dérive-t-il, presque mécaniquement, de celui de l’écriture créative ? Pensons-nous que les étudiants doivent se contenter d’imiter, et plus particulièrement d’imiter leur merveilleux enseignants, ce qui serait assez behavioriste, ou bien croyons-nous qu’ils doivent construire leur propre questionnement et leurs propres chemins d’écriture, et de quelle manière, ce qui constitue une approche bien différente (constructiviste ou socio-constructiviste, en fait) ? Quels sont les contenus adéquats ?

–       Trois: les jeunes animateurs et enseignants ont-ils besoin d’une formation spécifique ? Sont-ils enseignants simplement parce qu’ils sont auteurs ? Que se passe-t-il alors, quand ils ne sont pas, ou pas encore, encore des auteurs publiés ? De quels outils de formation disposons-nous, s’il s’avère que la formation est nécessaire ou du moins utile ?

Je ne m’attends pas à trouver ici les réponses à toutes ces questions. Mais je suis certain qu’elles nous conduiront à en poser encore bien d’autres. D’autant plus que vous les avez déjà posées, comme l’a fait par exemple Ana Menéndez à propos du statut de la lecture dans les ateliers d’écriture, ou bien Denis Bourgeois dans le domaine de la formation des enseignants, ou encore Frédérique Anne lorsqu’elle analyse les liens entre écriture créative personnelle et enseignement en ateliers –  je suis désolé pour tous ceux que j’oublie.

Un  panorama?

En réalité, j’attends davantage encore de cette conférence : une sorte  d’ « état des lieux de l’enseignement de l’écriture créative à visée littéraire en Europe », ou plutôt une description, un panorama de cet enseignement, ce qui inclut bien entendu, je ne l’oublie pas, la Grande-Bretagne et les États-Unis. C’est pourquoi les futurs actes de cette conférence sont importants. Dans quelques années, ils seront sans doute considérés comme le point de départ de notre réflexion pédagogique collective.

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