Faire de l’écriture un métier

Après des études de psychologie et un beau parcours en communication interne dans une entreprise dédiée au voyage, Marie-Hélène Mas suit aujourd’hui le cursus universitaire de la licence « Conseils en écriture professionnelle et personnelle – Écrivain public » à la Sorbonne Nouvelle. Elle veut faire de l’écriture son métier.

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Par Marie-Hélène Mas

Méconnu du grand public, le métier d’écrivain public s’adresse à des publics divers, regroupe de multiples facettes, de nombreuses missions et fait appel à des compétences accrues tant dans le domaine social, créatif que numérique.

L’ancêtre de l’écrivain public n’est autre que le scribe de l’Égypte antique ! Il est, au sens littéral du terme, celui qui pratique l’écriture. Son activité consistait à écrire et recopier à la main des documents privés, des textes officiels, administratifs, religieux et juridiques à une époque où l’imprimerie n’existait pas et où les lettrés étaient rares.

Aujourd’hui, si la première vocation de l’écrivain public est toujours d’écrire pour l’autre, son statut et ses missions se sont fondamentalement transformés. Son principal outil est le traitement de texte sur ordinateur ; sa motivation, le service aux autres ; ses expertises, plurielles et sa passion, l’amour des mots.

Paris-1900Ses compétences?

Qu’il s’agisse de rédiger un courrier administratif, corriger une thèse ou écrire un récit de vie, on attend de lui une rigueur absolue dans la maîtrise des techniques d’écriture mises en œuvre.

Il doit également être capable de s’adapter à différents interlocuteurs, supports et consignes.

Une écoute active et un esprit littéraire créatif sont également essentiels pour comprendre ce qui se joue dans le travail d’écriture et dans sa relation à l’autre.

Telles sont les principales compétences qu’un écrivain public se doit d’acquérir pour pratiquer son métier dans les règles de l’art et avec le respect dû aux usagers et aux clients qui le sollicitent.

Paradoxes avec un « s » !

Nous n’avons jamais autant lu et écrit que depuis ces deux dernières décennies mais on ne recense que 400 écrivains publics professionnels en France. Car, bien souvent il porte d’autres étiquettes : conseiller en écriture, web rédacteur, biographe, …

Et si tout se modernise à vitesse grand V, on se cantonne encore à représenter l’écrivain public comme un bénévole municipal qui rédige des courriers administratifs pour des publics fragilisés. D’ailleurs, bien que leur action soit louable, la majorité des bénévoles qui occupent les permanences en mairie sont généralement des retraités sans formation spécifique.

hacker-hands-keyboard-computer-intruder-technology-2880x1800Ce manque de reconnaissance fait écho à un vide juridique puisque aucun statut officiel ne vient réglementer sa pratique. Ainsi, l’écrivain public est essentiellement un autoentrepreneur.

Pourtant, il faut être capable de gérer des situations complexes et précaires qui touchent souvent à l’indicible !
Accueillir un migrant, fragilisé, déboussolé, déraciné qui demande l’asile politique…
Recevoir une mère célibataire et illettrée pour qu’elle puisse bénéficier de la CMU…
Aider un jeune SDF qui souhaite trouver un hébergement d’urgence avant de reprendre ses études…
Guider une femme en situation irrégulière et battue par un mari alcoolique qui voudrait quitter le domicile conjugal…

Tous ces chemins de vie doivent être suivis et accompagnés par des professionnels formés et capables de donner des réponses concrètes.

Mais l’écrivain public est aussi là où on ne l’attend pas…

Avec le même sérieux, l’écrivain public recueille aussi la parole d’une personne âgée parfois atteinte d’Alzheimer, ranime les souvenirs enfouis, retranscrit l’histoire et les émotions dans un travail d’écriture humble et transparent.

Avec le même engagement, il peut conseiller les entreprises (TPE et PME) dans la création de leur site internet en tant que rédacteur/concepteur avec les techniques du web et des recommandations personnalisées.

Il peut être tour à tour relecteur et correcteur des romans à paraître ou des thèses de nos étudiants, journaliste pour la gazette régionale, secrétaire du conseil municipal, animateur d’atelier d’écriture en médiathèque, créateur de newsletters et flyers pour les artisans en quête de clients, … L’écrivain public est bien un virtuose de la plume, du verbe et de l’arobase au service de tous.

plume_arobaseDes formations

Le CNED et le CNFDI, organismes privés, proposent une approche complète du métier d’écrivain public à travers plusieurs modules par correspondance.

Le cabinet Françoise Peters à Montpellier présente, lui, un perfectionnement en communication écrite tandis qu’Aleph Écriture à Paris distingue deux modules indépendants : « Devenir biographe » et « Devenir animateur d’ateliers d’écriture ».

Il existe également plusieurs cursus universitaires avec le DU Ecrivain Public de l’université de Toulon, la licence professionnelle Rédaction Technique à l’université de Limoges ou la licence professionnelle Conseil en écriture professionnelle et personnelle – Écrivain Public de La Sorbonne Nouvelle. Cette dernière formation dispense 524 heures de cours (droits, rhétorique, informatique, techniques d’écriture, récit de vie, grammaire…) jumelées à 420 heures de stage obligatoire. La remise d’un rapport/mémoire en Juin et la réalisation d’un projet tutoré commun à toute la classe viennent compléter les notes des partiels et des devoirs maison.

Vous l’aurez compris, ne devient pas écrivain public qui veut. Parce que l’écriture est une projection noble de la parole, qu’elle soit administrative, numérique, littéraire ou thérapeutique. Alors croyez-moi, tant qu’il y aura des hommes, il y aura des écrivains publics !

Marie-Hélène Mas

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