Certains soirs, quand Camille Berta longe un square situé près de chez elle, alors que le ciel est clair et que les lumières sont allumées à l’intérieur des maisons, elle a l’impression d’être dans L’empire des lumières, une œuvre de Magritte.
J’aime quand la frontière entre l’art et la réalité s’estompe. Quand on ne sait plus très bien où l’on est, comme lorsque le personnage du film Rêves d’Akira Kurosawa se faufile dans une toile de Vincent Van Gogh. J’aime quand la vie prend une nouvelle dimension.
C’est aussi le cas lorsque je remonte la rue de Rome depuis la gare Saint Lazare pour me diriger vers les locaux d’Aleph Ecriture, 9 rue de Saint Pétersbourg. En traversant la place de l’Europe, je pense toujours au Pont de l’Europe de Gustave Caillebotte (ce tableau que l’on a pu voir lors de la rétrospective du peintre au Musée d’Orsay fait partie des collections du Petit Palais de Genève. Il en existe une esquisse est au musée des Beaux-arts de Rennes). Alors, j’ai non seulement l’impression de marcher dans le tableau mais aussi à travers l’histoire, même si le paysage urbain a changé depuis le XIXème siècle.
Cette sensation s’apparente à celle que l’on peut éprouver quand on est plongé dans la lecture d’un roman et qu’on a l’impression de vivre dans l’univers et au rythme des personnages. De même quand on écrit, on n’est plus tout à fait derrière son bureau ou la table de l’atelier, on pénètre dans un autre univers. Je suis le témoin de cette étrange translation quand j’anime un atelier d’écriture. C’est à la qualité du silence que je décèle qu’elle s’est produite.
Camille Berta
NB : On peut voir Le Pont de l’Europe actuellement à Lausanne :
https://fondation-hermitage.ch/home/expositions/a-venir/tresors-du-petit-palais-de-geneve/
L’empire des lumières : https://fine-arts-museum.be/fr/la-collection/rene-magritte-l-empire-des-lumieres
Atelier : https://www.aleph-ecriture.fr/atelier/carnets-dart/