Le jour des écrivains au Musée d’Orsay

© musée d'Orsay / Judith Prigent
Depuis quelques années, le Musée d’Orsay fait dialoguer ses collections avec les œuvres d’artistes contemporains. C’est extrêmement revigorant. On en redemande !

En septembre 2024, le Musée a offert au public « Le jour des peintres ». On y retrouvait notamment l’artiste Nathanaëlle Herbelin, qui avait, quelques mois plus tôt, exposé dans l’enceinte du Musée. « Être ici est une splendeur », le titre de son exposition faisait référence à l’œuvre de Paula Modersohn-Becker et à sa biographie écrite par Marie Darrieussecq. Ces mots sont ceux de Rainer Maria Rilke, ami de la peintre allemande. Ainsi, la conversation entamée entre la peintre et l’écrivain à la fin du XIXeme siècle, se poursuit avec de nouvelles artistes. Elle est longue et féconde l’histoire du compagnonnage entre art et littérature…

Alors quand en septembre 2025, le Musée a proposé le réjouissant « Jour des écrivains », l’envie d’assister à ces rencontres était impérieuse ! Le dispositif était simple. De part et d’autre de la nef, quatre salles, quatre micros, et des écrivains qui se succédaient pour donner à entendre des extraits de leurs textes.

Parmi les trente-deux auteurs réunis ce jour-là, il fallait faire un choix. Je voulais écouter Marie-Hélène Lafon lire des passages de « son Cézanne », Des toits rouges sur la mer bleue, (Éd. Flammarion, 2023). Dans ce texte, elle ne commente pas l’œuvre ou la vie du peintre. On est témoin de la puissante rencontre entre deux univers, celui de Paul Cézanne et les mots de Marie-Hélène Lafon. C’est aussi l’histoire de celui qui reste et de celle qui part. Celui qui est resté pour peindre la Sainte-Victoire et celle qui est partie mais ne cesse de peindre son « pays » avec des mots.

J’ai aussi eu la chance d’entendre Véronique Ovaldé lire un extrait de Soyez imprudents les enfants (Éd. Flammarion, 2016) – l’histoire d’Atanasia, dont la vie est bousculée quand elle découvre une peinture de Roberto Diaz Uribe lors d’une visite avec sa classe au Musée de Bilbao. Et Véronique Olmi, faire lecture d’un extrait de Bakitha (Éd. Albin Michel, 2017). Enfin, j’ai écouté Alice Zeniter lire un extrait de sa nouvelle parue dans le recueil Les Mariés de la Tour Eiffel (Éd. Centre Pompidou, 2013). Quand on sait le soin que cette autrice met dans le rythme de ses phrases, c’était une grande joie d’assister à cette mise en voix.

Ces lectures puissantes ont résonné face aux œuvres du Musée.

Dans d’autres pays que la France, les lectures par les auteurs sont courantes. Il ne s’agit pas de commenter, raconter, expliquer, mais simplement d’entendre, d’entrer dans le texte grâce à la voix. Le texte est incarné, il prend vie.

Camille Berta
Crédits photo : © musée d’Orsay / Judith Prigent

Camille Berta anime des ateliers d’écriture au Musée du Luxembourg. Elle propose le cycle Carnets d’art en janvier 2026 pour Aleph-Écriture.

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