Camille Berta : La traversée de l’Amérique « Mother nature / We Americans » (1/2)

Camille Berta et Valérie Mello vous proposent de découvrir la littérature américaine par l’écriture, le roman américain parcourt la nature, l’espace, la frontière, interroge la violence, l’identité, la différence. Un cycle passionnant sur 4 week-ends qui aura lieu du 11 novembre 2023 au 3 mars 2024. Camille Berta animera les 1er et 4ème week-ends autour des grands espaces et des américains.

L’Inventoire : Comment vous est venue l’idée de cette traversée de l’Amérique ?

Camille Berta : J’ai traversé une première fois l’Amérique quand j’étais enfant. Je montais à cheval dans un ranch du Wyoming grâce à des romans offerts par ma grand-mère. A l’adolescence, j’ai pris l’avion pour le Mississipi et j’ai découvert l’accent du sud et la société de consommation. Devenue adulte, j’ai vécu quelques années dans la baie de San Francisco. Trois Amériques bien différentes, et il en existe tant d’autres. C’est par la lecture que je continue à explorer ces Amériques. Voilà pourquoi j’ai eu envie de cette invitation au voyage.

Est-ce un voyage au cœur d’une littérature qui n’a pas abandonné le récit collectif du monde ? (Héritière de Stendhal, Balzac ou Tolstoï), la littérature américaine nous parle encore des rapports qu’entretient l’individu au monde (et non de l’individu avec lui-même). Est-il question de retrouver un espace mental plus vaste en envisageant le paysage américain ?

C’est vrai qu’il y a de nombreuses correspondances entre la littérature américaine et la littérature européenne. De nombreux auteurs américains ont lu et inscrivent leur démarche dans celle d’auteurs français notamment. En explorant les textes des auteurs américains, on peut néanmoins se décentrer. Sortir d’un univers connu permet d’ouvrir notre espace mental et de changer de registre. Pour ma part, j’ai commencé mon voyage littéraire avec des auteurs de la côte Est comme Philip Roth et Paul Auster. Et puis, je me suis embarquée sur la route avec Kerouac. Mais pour défricher ce territoire vaste et complexe, il faut écouter d’autres voix, celles des Amérindiens que font entendre Jim Harrison ou Louise Erdrich. Et c’est aussi en lisant des auteurs qui ne sont pas nés aux Etats Unis, mais qui sont considérés comme des auteurs Américains, comme Chimamanda Ngozie Adichie ou Jamaica Kincaid, qu’on peut poser un regard singulier et multiple sur l’Amérique, mais aussi sur le monde.

« Amener les participants à placer la nature au cœur de leur écriture »

L’espace naturel, la place du paysage en Amérique est quelque chose que nous ne connaissons le plus souvent que dans les films (Rappelons ici que la France a la taille de l’état du Texas). « Dans la nature tout peut arriver comme sur une toile blanche » raconte Pete Fromm. Est-ce cette toile que vous amènerez les participants à parcourir ?

Rio Vista, Delta Saratoga, 2022 (D. Petres)

Oui, j’aimerais amener les participants à placer la nature au cœur de leur écriture. Il sera question d’interroger leur rapport à la nature comme le font certains écrivains américains, et notamment ceux associés au « Nature Writing ». Pour eux, le pays, au sens de territoire ou de paysage est au cœur du récit, il en est la raison d’être. Il occupe parfois même la place du personnage principal.

Vous proposez un voyage au coeur de l’histoire américaine « Ces gens, ici, veulent que je raconte mon histoire. Ils disent que je ne peux comprendre où je vais si je ne comprends pas où j’étais avant. » Richard Wagamasee. Quel est votre propre rapport à l’Amérique, et que gardez-vous de vos séjours là-bas ?

J’ai gardé le son des Red Hot Chili Peppers, de Bob Dylan, de Neil Young et de Nina Simone ; les couleurs et les rythmes de Sol Lewit qui envahissent l’espace, les histoires que racontent Jean-Michel Basquiat et Shepard Fairey, le regard que Georgia O’ Keefe pose sur le monde.

J’ai gardé le plaisir de parler et d’entendre une autre langue que la mienne, j’anime d’ailleurs des ateliers d’écriture à distance pour des Américains. Quelle joie d’évoquer avec eux les correspondances et différences entre la langue et la culture françaises et américaines.

J’ai gardé la revigorante National Public Radio (aux Etats Unis, NPA n’est pas l’acronyme d’un parti politique !), la profondeur des forêts de séquoias, et l’envahissante odeur de la cannelle.

J’ai gardé l’intérêt pour l’ailleurs et l’envie aussi de déconstruire les représentations habituelles qu’on peut avoir de l’Amérique et des Américains.

DP

Camille Berta a vécu quelques années en Californie. Elle a aimé découvrir les grands espaces de l’ouest américain, ses forêts millénaires et ses déserts arides, mais aussi jouer avec une autre langue.

Avec Valérie Mello, elle a conçu un cycle d’ateliers pour écrire en compagnie d’auteurs Américains : La Traversée de l’Amérique. Retrouvez toutes ses formations ici.

  1. De l’espace naturel – Mother Nature – 11/12 novembre octobre 2023 – Camille
  2. Devenir quelqu’un – Me Myself I – 9/12 au 10/12 novembre 2023 – Valérie
  3. D’autres vies que la mienne – I Am not Your Negro – 13/01/2024 au 14 janvier 2024 – Valérie
  4. Portraits de groupe – We Americans – 2/03/2024 au 3/03/2024 – Camille

Photo de couverture : détail d’une photographie de Ansel Adams. Yosemite, 1968 (source: Instagram – a space for celebrating his legacy).