Mehdi Ben Attia : « Chaque film est un combat »

Scénariste et réalisateur, Mehdi Ben Attia, a réalisé en 2008 « Le fil », « Je ne suis pas mort », et « L’amour des hommes », sorti en 2018. Ses héros se battent pour construire leur identité et conquérir leur propre espace de liberté en dépit des tabous culturels et sociaux qui pèsent sur eux. Mehdi Ben Attia animera un stage d’initiation à l’écriture du scénario du 24 au 28 octobre 2022, où il privilégiera la rencontre avec l’univers des stagiaires tout en posant les bases de l’écriture scénaristique.

L’Inventoire : Né à Tunis, après des études de sciences politiques vous coréalisez des courts-métrages (notamment avec Zina Modiano), puis devenez scénariste et réalisateur. Qu’est-ce qui vous a amené au cinéma ?

Mehdi Ben AttiaL’écriture. J’ai longtemps cherché ma forme d’écriture. J’ai essayé l’écriture littéraire, journalistique, universitaire, et un jour mon amie Zina Modiano m’a sollicité pour qu’on écrive ensemble un court-métrage. J’étais, et suis encore, très cinéphile, mais je n’avais jamais fait ça et il serait inexact de dire que j’ai ressenti immédiatement une évidence frappante. Mais ce scénario a plu aux gens du métier et surtout il a donné lieu à un film. C’est cet assentiment, ce sentiment d’être coopté, qui m’a ouvert les « portes du cinéma ».

Vous avez écrit vos propres scénarios avant de les filmer, vous reconnaissez-vous dans le « cinéma d’auteur », un cinéma qui vise à raconter des histoires personnelles singulières, proches de vos questionnements ?

Étant donné que chaque film est un combat, et que personne ne vient me chercher pour me supplier d’écrire des films, j’ai presque une impression de pléonasme quand je dis que je fais du cinéma d’auteur. Mais j’écris aussi des scénarios pour d’autres, et me mets alors au service de la vision de l’auteur-réalisateur, comme un « technicien de la narration ».

Cela étant, la notion de cinéma d’auteur, ou d’art et d’essai, me paraît vague. Il faudrait distinguer ce qui relève de la recherche artistique de ce qui relève de l’expression personnelle. Clairement, le cinéma que je pratique est « d’expression personnelle ».

Vous intervenez à l’ESEC (École supérieure d’études cinématographiques), à l’ESAV à Marrakech et à la CINÉFABRIQUE à Lyon. Entre visionnage de films et temps d’écriture, comment amener les participants à aller vers leur propre univers ?

Par tâtonnement, par le recours aux vertus de l’écoute et du dialogue.

Faut- il avoir déjà une idée de scénario (de court ou de long-métrage) pour participer à ce stage ?

Pas forcément. Je sais aussi que parfois, on croit avoir une idée de scénario et qu’on se rend compte, en la pratiquant, que c’est une fausse bonne idée.

Ce travail de 5 jours peut-il être un préalable à la formation plus longue que vous proposez à partir de janvier ?

Oui ! Dans la mesure du possible, je suis favorable à la construction de ponts entre les deux modules.

DP

Mehdi Ben Attia a réalisé trois longs-métrages :
– Le Fil (2010), avec Claudia Cardinale, Antonin Stahly et Salim Kechiouche ;
– Je ne suis pas mort (2013), avec Mehdi Dehbi, Maria de Medeiros et Emmanuel Salinger, grand prix du meilleur film français au festival Premiers Plans d’Angers, sélectionné à la Berlinale (Forum) ;
– L’Amour des hommes (2018) avec Hafsia Herzi.

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