« Deux femmes et un jardin » d’Anne Guglielmetti (Editions interférences)

Retrouvez cet été les recommandations de lecture des animateurs-formateurs d’Aleph-Écriture deux fois par semaine. Chaque article débute par la première phrase d’un roman, recueil poétique ou texte court à savourer, en parallèle de notre concours de nouvelles « Commencements » et de ses deux ateliers. Aujourd’hui, le conseil de lecture de Danièle Pétrès, rédactrice en chef de L’Inventoire.

« Elle arriva par le train de Paris qui faisait halte en gare de L’Aigle à douze heures trente précises. »

« Deux femmes et un jardin » d’Anne Guglielmetti (Editions interférences. Déc. 2022)

C’est une histoire de peu, une histoire où il ne se passe presque rien si ce n’est l’odyssée minuscule d’une femme qui ne se considère pas, a vécu toute sa vie dans l’invisibilité d’un emploi de bonne à tout faire chez des gens qui ne lui adressent pas la parole. Alors qu’elle approche de l’âge de la retraite, elle reçoit en héritage une petite maison nichée au fond d’une campagne dont elle ignore tout. Sachant à peine lire, elle achète un Atlas de L’Orne pour la trouver, et tente de repérer si la maison existe ou pas. Elle existe. Elle prend sa valise où sont rassemblées toutes ses possessions, quitte son travail et s’y rend en train, puis en autocar, puis à pied. Il lui faudra plusieurs années pour la remettre en état.

Pourtant, ce n’est pas la maison mais le jardin qui est le personnage principal de ce roman. Au fil des saisons, il devient un jardin d’Eden qui attirera une jeune adolescente qui y trouvera une compensation aux mornes après-midi d’été partagées avec sa belle-mère et son père. C’est l’amitié qui liera ces deux femmes qui est au centre du jardin.

J’ai choisi ce livre parce qu’il parle de la transmission de manière simple, dans un style épuré. On transmet ce qu’on a de plus précieux, et souvent, ce qu’on ne sait pas savoir donner.

Avec modestie, sans emphase, ce roman nous fait vivre ce à quoi peut ressembler l’essentiel d’une vie. Un roman d’été léger comme les pétales d’une rose de jardin, grave comme le sourire d’un enfant qui voit se refermer sur lui les portes du jardin à la fin des vacances.

DP


Danièle Pétrès a été réalisatrice, juriste et responsable éditorial d’un cabinet de tendances. Elle est aujourd’hui responsable de la revue littéraire numérique L’Inventoire.

Auteure de deux recueils de nouvelles (Le bonheur à dose homéopathique, Tu vas me manquer) et d’un roman (La Lecture), tous trois parus aux éditions Denoël, elle a été lauréate en 2022 de trois concours de nouvelles, Revue Rue Saint Ambroise (N° 50), revue Pourtant (N°5) et Marginales (N°309). Dernier ouvrage paru : « La Grande Maison », une nouvelle éditée aux Éditions L’Ourse Brune (2022). Ecouter le podcast d’un extrait ici.

L’Inventoire a fait partie de la sélection du Prix Rive Gauche 2021 des meilleures revues littéraires en ligne.