Écrire avec le corps – Paul Auster

L’écriture est une affaire de sensations car on écrit d’abord avec le corps. « Pour faire ce que tu fais, il te faut marcher », affirme Paul Auster dans Chronique d’hiver (Actes Sud, 2013).

Dans cette œuvre littéraire composée de fragments autobiographiques dont la structure s’apparente à celle d’une œuvre musicale, il est non seulement question du rapport de l’écrivain à son corps, mais aussi de notre rapport à notre propre corps. Le choix du « tu », qui s’est imposé à l’auteur de L’Invention de la solitude, implique en effet le lecteur. Il voulait tout simplement écrire un livre sur ce que c’est qu’être un être humain.

Tout commence et tout finit par le corps. Le corps est donc central dans son processus d’écriture. « L’écriture est liée au rythme du corps. Je trouve dans l’acte de marcher les rythmes qui m’aident à faire des phrases et des paragraphes. » expliquait-il dans un entretien accordé à François Busnel.

Écrire une activité sédentaire ? Pas du tout, confirme Lola Lafon, qui dansait avant d’écrire : « Comme la danse, l’écriture est une activité physique. Lorsque l’on représente un écrivain, il est toujours assis. Or, pour moi, il y a un engagement du corps, le souffle. Je suis attentive au rythme et à l’exactitude des mots. »

Un pas après l’autre, Paul Auster se mettait en marche dans les rues de New York pour faire advenir les mots. Et puis… « Tu t’assieds à ton bureau pour noter les mots, mais dans ta tête tu es encore en train de marcher, toujours en train de marcher, et ce que tu entends, c’est le rythme de ton cœur, le battement de ton cœur. »

On fait bien référence aux pieds quand il est question de versification (en anglais on emploie également le mot « feet »). La poésie passe par le corps. Et l’on revient à la musicalité de la langue. Les mots n’ont pas seulement un sens, ils sont d’abord rythme et sonorité. « C’est dans la musique des mots que commence ce sens. » dit Paul Auster.

A quel rythme bat votre cœur ? A quelle « cadanse » marchez-vous ? Et quel est le tempo de vos textes ?

Camille Berta

Sources :

Le grand Entretien avec François Busnel

Lola Lafon : L’écriture c’est un dialogue

Pour vous accompagner dans l’écriture, nous vous proposons un rendez-vous chaque semaine, c’est Camille Berta qui animera le prochain l’atelier régulier à partir du 5 novembre 2025.

Partager