Hélène Massip: « Lire à haute voix c’est donner au texte une matérialité nouvelle »

Hélène Massip est auteur de nouvelles, de poèmes et de haïkus. Elle animera à Lyon un atelier de lecture à voix haute le 12 juin 2019 de 19 à 22h et nous parle ici de la mise en résonance d’un texte.

L’Inventoire : Quelle différence y a-t-il entre lire dans sa tête et lire à haute voix ?

Hélène Massip : Lire à voix haute c’est donner une autre place au corps. Faire passer le texte par le souffle, par la voix, c’est donner au texte une matérialité nouvelle, sonore, rythmique, incarnée.  On fait jouer les muscles de l’articulation au service de chaque mot, on cherche la bonne posture, l’intention juste, pour faire vibrer le son et transmettre les nuances de l’écrit.

Il est intéressant de lire à voix haute les textes que l’on écrit soi-même, pour les reprendre jusqu’à ce qu’ils sonnent juste. De la même manière, entendre son propre texte lu par quelqu’un d’autre donne la possibilité de changer de focale sur ce que l’on a écrit.

Il est aussi très riche de lire à voix haute des textes d’auteurs que l’on aime.

Entrer dans le sens par la sonorité, la matérialité de la langue. Chercher la justesse pour faire naître des images. Percevoir parfois des ouvertures jamais repérées lors la lecture silencieuse.

C’est en restant au plus près des mots, des phrases, de la ponctuation que l’on sert au mieux le texte, avec humilité, sans l’interpréter, en le visitant par la voix.

L’Inventoire : Sera-t-il question de « travailler sa voix », ses modulations, sa force ou ses faiblesses ?

Hélène Massip : Oui, l’atelier commence par un temps d’échauffement doux du corps et de la voix, par un repérage physique du son, des mots articulés, en soi. Différents jeux et exercices seront proposés pour explorer sa voix, travailler sa diction, sa présence.

L’idée est que chacun, quelle que soit sa pratique antérieure, débutant ou non, reparte avec de nouveaux repères dans le corps, dans son positionnement, dans sa manière de lire.

L’Inventoire : Tous les auteurs ont-ils besoin de passer par la lecture à voix haute pour travailler leurs textes ?

Hélène Massip : Par sûr. Tous les textes ne s’y prêtent pas. Lire à voix haute permet d’entendre la musicalité du texte, c’est donc utile si l’on travaille cet aspect.

Le texte peut être comme une partition de sons et de sens. Dans ce cas, pour mieux l’entendre, mieux vaut le faire sonner, le « jouer » comme un instrumentiste joue une musique écrite. Jouer et se mettre à l’écoute. Relire avec les oreilles. Croiser les relectures du sens et les relectures du son, du rythme, du phrasé.

Hélène Massip, est auteur de nouvelles, de poèmes et de haïkus. Sa dernière publication : L’affiloir des silences, collection « Poésie XXI », Jacques André Éditeur, 2016. Elle animera à Lyon un atelier de lecture à voix haute le 12 juin 2019 de 19 à 22h et écrire tout près des arbres le dimanche 23 juin de 10h à 17h.

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