Nous avons rencontré Loïc Bonimare qui propose une expérience d’écriture originale et collective du 27 au 29 octobre 2025 : Écrire le rêve
L’Inventoire : Quel est votre parcours ?
Loïc Bonimare : On peut dire que je viens du théâtre. Auparavant, j’ai fait des études de lettres et j’ai enseigné en collège. Aujourd’hui je me consacre à mon travail de dramaturge au sein de la Baffe Cie. Je travaille aussi à mon troisième recueil de nouvelles. Les ateliers sont devenus le cœur de mon activité. Ils se déploient à l’Université auprès d’étudiants exilés, en milieu carcéral…
Vous proposez un atelier sur le rêve, d’où est venue cette idée ?
Tout a commencé avec un projet de théâtre d’ombres, au cours duquel j’ai eu envie de faire écrire leurs cauchemars à des enfants, avant d’en renverser le cours par une réécriture collective. C’était une très belle expérience. J’ai aussi essayé pendant un moment de noter mes propres rêves, mais c’est une discipline difficile à tenir. Quand je me suis rendu compte de la difficulté de l’exercice, j’ai senti qu’il y avait là un joli défi d’écriture collective : ouvrir un laboratoire des rêves, trouver ensemble comment s’y prendre et se sentir libre dans cette création !
Quel itinéraire allez-vous proposer ?
Le monde des rêves nous ouvre les portes de la littérature (ou inversement). Quelle langue déployer pour dire le rêve ? Quelle logique construire ou déconstruire ? Dans ce cycle, on avance à tâtons. Les premiers pas se font à l’aveugle, mais collectivement. On regarde du côté de l’accident, du lâcher-prise, de la rencontre hasardeuse. C’est très amusant et extrêmement riche en enseignements. Puis on se lance. On compose un rêve comme on compose une symphonie, avec des dominantes et des motifs, des ruptures et des sursauts.
Sur quels auteurs allez-vous vous appuyer pour naviguer dans cet univers ?
Dans ce processus, les auteurs ont beaucoup à nous apprendre. Depuis que j’ai commencé à m’intéresser à ce sujet, j’ai guetté les récits de rêve dans mes lectures, et j’en ai trouvé plein ! Ils sont dans la littérature antique, dans la chanson de geste, dans le roman moderne et dans la poésie. Ils innervent la science-fiction et sont au cœur du récit d’épouvante. Plus j’en débusque, plus je me dis que le récit de rêve est bien plus qu’un décorum ou une parenthèse dans une histoire. C’est un moteur narratif essentiel chez Murakami, un gouffre qui s’ouvre sous les pieds des personnages de Bolaño, une texture inextricable du réel chez Han Kang ou encore un enjeu profondément humaniste chez Bradbury.
Camille Berta
Pour en savoir plus : Écrire le rêve https://www.aleph-ecriture.fr/atelier/ecrire-le-reve/ecrire-le-reve/