Ella Balaert : écrire pour la jeunesse

Ella Balaert a fait de l’écriture son activité principale: romans,  nouvelles et depuis peu, théâtre. Auparavant, elle a enseigné le français puis les techniques de communication. A présent elle écrit, fait écrire en ateliers, parle de ses livres (dans des rencontres). Nous l’avons rencontrée pour qu’elle nous parle de son travail d’écriture pour la jeunesse. Son prochain roman à paraître Poissons rouges et autres bêtes aussi féroces, nouvelles, Éditions des Femmes, est prévu  en octobre 2020.

L’Inventoire : Comment pourrait-on définir la littérature « jeunesse » ? Quelles en sont les spécificités ?

Ella Balaert : Pardon de paraître éluder la question, mais la « littérature jeunesse » existe-t-elle ? Parlons de « littérature » : ce qui nous importe, ce qui nous marque, ce qui nourrit et bouscule nos représentations, loin des fast-food de la pensée, des clichés de l’expression, des images pauvres en imagination.

Il y a des livres pour enfants et des albums qui sont de purs chefs d’œuvre d’écriture et d’illustration par l’univers dans lesquels ils nous entrainent. On les partage avec ses enfants, on les garde près de soi toute la vie.

Mais les livres pour les jeunes ? Où commence et quand s’achève la jeunesse ? Elle est tronçonnée en tranches d’âge largement arbitraires et commerciales et depuis la nouvelle vague des livres young adults, elle enfle comme la grenouille de la fable. Allez, je radicalise encore le propos, mais dès l’adolescence, ne peut-on pratiquement tout lire ?

Ouvrons grand l’éventail du choix, jeune ou moins jeune, chaque individu est unique : en la matière, je préfère penser en terme de « singularité » plutôt que de « spécificité».

L’Inventoire : Quels sont les auteurs les plus inspirants en ce moment pour animer un atelier d’écriture avec les enfants ? Vos auteurs préférés d’une manière générale ?

Ella Balaert : Mes auteurs préférés sont ceux qui me résistent, qui m’enrichissent d’une manière ou d’une autre, qui me chahutent.

L’Inventoire : Quelles sont les principales différences entre l’animation d’atelier avec des enfants et avec des adultes ? Quelles similitudes ?

Ella Balaert : Les enfants ne sont pas toujours volontaires (dans le cadre scolaire). Cela change singulièrement la donne : il faut les convaincre que le jeu en vaut la peine et qu’on n’est pas là pour les juger.

Et le regard de leurs pairs pèse (parfois) plus lourd que chez les adultes.

L’Inventoire : Dans vos ateliers avec les enfants, vous associez souvent l’écriture à une autre production artistique (réalisation de masques, dessins, découpages …). Comment articulez-vous les deux supports ?

Ella Balaert : Tous les supports sont bons pour déclencher l’imagination, la libérer, faire dialoguer les langages, les techniques, les univers.

L’Inventoire : En tant qu’auteur, quelle est votre méthode d’écriture ? Dans quel cadre, quelles conditions préférez-vous écrire ?

Ella Balaert : La méthode ? pas forcément cartésienne, désolée… Cela dépend des genres. Je n’écris pas une nouvelle comme un roman.

Le cadre : jamais très loin d’une fenêtre. Jamais très loin non plus de la musique.

L’Inventoire : Quelles qualités vous paraissent essentielles pour animer un atelier d’écriture avec des enfants ?

Ella Balaert : La bienveillance (avec les adultes aussi) ! L’écoute de ce que chacun porte d’irréductiblement singulier en soi, de ce qu’il ou elle sera seul(e) à dire de cette manière.

Ecrire, c’est toujours un peu casser le moule.

L’Inventoire : Avez-vous une citation, une phrase-clé, une astuce pour lancer les participants timides, récalcitrants ou en mal d’inspiration ?

Ella Balaert : Non. Les mots sont des balles qu’on se lance et qu’on rattrape au vol, ne serait-ce que par réflexe, quand elles foncent sur vous.

Propos recueillis par Marie-Hélène Mas

Roman d’Ella Balaert paru en 2016: « Placement Libre » (Editions des Femmes).

En janvier 2018 aux éditions des Femmes: « Prenez soin d’elle ».

A paraître en 2020 : Poissons rouges et autres bêtes aussi féroces, nouvelles, Éditions des Femmes, octobre 2020, préface G.O.Chateaureynaud.

Connsultez son site : https//ellabalaert.wordpress.com

Partager