Pour explorer la technique de la nouvelle, Isabelle Pleskoff vous invite à faire un « tour du monde » de ce genre littéraire du 3 au 7 novembre 2025 en distanciel dans le stage  Nouvelles du monde . Vous pourrez ainsi vous exercer à densifier votre propos, travailler la réécriture…

L’Inventoire : Vous accompagnez les participants à la rencontre d’auteurs du monde entier. Comment les avez-vous choisis ?

Isabelle Pleskoff : J’ai retenu des nouvelles que j’aimais particulièrement, en puisant dans les littératures de différentes régions du monde et j’ai choisi des textes qui proposaient des procédés narratifs remarquables, de l’émotion, de la poésie, un travail intéressant sur le rythme, la temporalité, une place faite au silence, etc.

Le corpus des textes d’appui et des extraits cités nous fera voyager de la France vers l’Angleterre, l’Italie, la Russie, l’Amérique du Nord et également vers le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et le Nigéria.

Plus de titres, plus de lecteurs. La nouvelle a bien meilleure presse dans les pays anglo-saxons qu’en France. Si on prend l’exemple de la place occupée par Alice Munro dans le paysage littéraire nord-américain, on ne peut pas trouver l’équivalent de ce côté de l’Atlantique…Qu’en pensez-vous ?

C’est vrai. Aux États-Unis et au Canada, on ne compte plus les recueils collectifs publiés chaque année. Il faut dire que certaines revues, telles que le New Yorker, ont joué un rôle décisif dans la popularité du genre. Les nouvellistes nord-américains jouissent d’une belle reconnaissance. Ainsi, la Canadienne Alice Munro, prix Nobel de littérature, a écrit des nouvelles et seulement des nouvelles durant toute sa vie d’autrice.

Alors qu’en France, écrire une nouvelle, c’est plutôt un marchepied avant de se lancer dans l’élaboration d’un roman. Mais les choses bougent assez nettement depuis quelques années. Il y a maintenant des sites qui rassemblent les concours, nombreux en France, les titres de revues et les éditeurs dédiés à ce genre littéraire. Aleph-Écriture a également proposé une série de podcasts l’année dernière. Bref, un domaine en mutation.

Comment inciteriez-vous les lecteurs français à lire des nouvelles ?

L’intérêt des nouvelles, c’est évidemment d’abord leur concision. A travers tous les formats que l’on rencontre depuis les formes les plus brèves (short short story) jusqu’aux novellas qui peuvent s’étendre sur une cinquantaine de pages, on a le plaisir de découvrir une ambiance, un décor, quelques personnages et les défis qu’ils affrontent ; et tout cela présente l’avantage de nous embarquer très rapidement dans la lecture. Puis nous voici devant des péripéties, des agissements, des drames qui vont nous retenir, nous captiver – quand la nouvelle est réussie -, jusqu’au dénouement qui devrait nous surprendre, nous émouvoir, et nous donner la satisfaction d’avoir parcouru en peu de temps tout l’arc d’une fiction, un petit objet littéraire que l’on aura goûté dans son entièreté.

Ensuite, ces textes font l’économie du surplus, du gras, des détails qui plombent. Ici, on est dans l’écriture à l’os. Et ce caractère de densité, d’indispensable donne à certains de ces textes courts une force saisissante. J’invite donc les lecteurs récalcitrants à aller à la découverte de ces pépites.

Et les auteurs à en écrire ?

C’est un genre qui permet de développer des germes d’histoires et de leur donner un cadre assez serré, et cela va encourager les auteurs à densifier leur propos, à faire le tri pour ne garder qu’un schéma narratif simple, sans renoncer à l’envergure, tant celle des personnages que de la dramaturgie. Une invite à travailler aussi le style, les images et le rythme.

Camille Berta

Isabelle Pleskoff a longtemps travaillé au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, à la médiathèque dont elle était responsable, animant des entretiens publics, des ateliers d’écriture et des visites guidées thématiques dans le musée. Aujourd’hui, elle conduit des ateliers d’écriture, accompagne des auteurs, et écrit des biographies. Elle vit entre la Drôme et Barcelone.

Elle animera aussi La rencontre, du 1er au 6 décembre 2025. Découvrez tous les stages qu’elle anime à Aleph, ici.

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