La vie en grains
eux marchent lentement sur la plage, dans la lueur fragile du réverbère,
ombres mouvantes entre l’écume et la nuit, à peine une empreinte sur le rivage,
déjà effacée. ils se frôlent,
comme si seul le vent décidait de l’espace entre eux, comme si la mer savait,
dans son ressac inlassable,
qu’ils sont aussi éphémères qu’elle.
mes pensées s’écoulent par l’étroitesse du sablier, grain après grain,
de l’océan au Sahara,
du mugissement noyé des vagues
au sifflement sourd de la tempête de sable. l’existence elle-même ajuste sa taille,
se resserre, se courbe,
pour mieux glisser à travers le défilé comme l’eau qui s’évapore entre les doigts, à la recherche de l’huître,
hésitante,
ne sachant pas si elle doit recracher le grain de sable ou le sculpter dans sa chair
jusqu’à en faire une perle. dans l’attente,
la patience ruisselle, goutte après goutte, s’étire, hésite,
cherche une issue à son propre poids. puis vient celle qui tombe des cieux, la dernière,
qui brise le silence, fait déborder le vase,
et disparaît dans l’infini du sable.