« Il n’y a plus de papillons », Anne Barousse

Il n’y a plus de papillons

 

La nuit

a des mains si vieilles,

je la regarde dessiner des ronds sur la nappe.

Je m’habille comme je veux,

et je flotte, méduse bleue,

dans un pyjama trop grand.

 

Les rêves peu à peu passent le seuil

et se cassent au contact de l’air,

je rentre dans la trace du silence.

 

La nuit est froide, si froide.

Mes pieds sont des oiseaux déplumés

sur le carrelage.

Je regarde à travers la fenêtre,

le bitume, sombre rivière, plonge sous chaque réverbère.

Il n’y a plus de papillons pour accompagner la lumière.

 

Sur le rivage de ma mémoire,

le ressac,

le noir et blanc des visages,

la plainte de ceux qu’on oublie.