Vous animez des ateliers d’écriture, ou avez suivi la Formation au métier de Formateur animateur d’ateliers d’écriture à l’animation de 180 heures ? Prochaine certification les 23 et 24 juin 2025.
Auprès d’un jury de professionnels, cette session est l’occasion de passer une certification Aleph-Ecriture. Delphine Tranier-Brard, directrice pédagogique d’Aleph-Écriture, nous rappelle ici les tenants et aboutissants de la formation desd’ateliers littéraires délivrée à Aleph-Ecriture. Nous republions un extrait d’une conférence tenue le 6 octobre 2024 lors de la Journée de la nouvelle. Elle y échangeait avec Diego Vecchio, enseignant du Master de création littéraire à l’université Paris-8.
Durant cette table ronde, nous avons parcouru le spectre de l’enseignement de l’écriture littéraire en France, car l’écriture s’apprend.
« Des ateliers d’écriture aux masters de création »
Diego Vecchio : « Décaler son point de vue en créant un auteur de toutes pièces »
Diego Vecchio fait partie des fondateurs du Master de création littéraire de l’Université Paris-8. Écrivain d’origine argentine, s’il écrit en espagnol, ses livres sont traduits en français. Après Microbes et Ours, tous deux parus aux éditions de L’Arbre Vengeur, L’extinction des espèces est son troisième roman traduit en français, paru chez Grasset en 2021[1]. Il anime un atelier annuel dans le cadre du master « Inventer un auteur imaginaire », ainsi qu’un séminaire : « Inventer des langues imaginaires ».
Le Master de création littéraire de l’Université Paris-8 a été créé depuis 10 ans, et Diego Vecchio fait partie de l’équipe pédagogique depuis ses débuts. Il indique « Nous nous sommes mis d’accord sur le fait de ne pas enseigner en fonction des genres littéraires (contre le découpage en genre, même si cela se fait ailleurs, en Argentine par exemple). La forme courte n’y est donc pas enseignée en tant que telle, puisqu’un espace de liberté est privilégié quant à la forme que vont prendre les textes des étudiants. Beaucoup de liberté est donnée aux étudiants du master « nous n’avons pas pour objectif de formater mais plutôt l’intention de déclencher une écriture ».
Quel auteur seriez-vous ?
En 1er année, l’atelier de Diego Vecchio, en parallèle de celui de celui d’Hélène Gaudy, se déroule au rythme d’une séance par semaine de 3 heures, pendant 12 semaines (3 séances par consigne d’écriture).
L’atelier animé par Diego Vecchio « Inventer un auteur imaginaire » permet aux étudiants de décaler leur point de vue tout en créant un auteur de toutes pièces, et de réfléchir ainsi à leur pratique en inventant de manière libre un personnage. Quel auteur seraient-ils, eux, s’ils étaient quelqu’un d’autre ?
Lors de cette problématisation de la consigne, sont proposées des lectures telles que Borgès, Bolaño, Chevillard... (l’histoire de l’écriture est abordée à travers ces lectures).
Diego Vecchio aime parler du « Daïmon », qu’il faut trouver en soi (c’est, chez Socrate, un génie personnel, une divinité intérieure qui inspire le jugement, un intermédiaire entre les dieux et les mortels). A travers son enseignement, il cherche à faire trouver à l’auteur-e cette sorte de singularité « inconsciente » qu’il n’est pas facile de saisir car nous sommes contaminés par une somme de discours très formatés. C’est ainsi un atelier dont l’objet est aussi de déconstruire ses propres pratiques d’écriture, afin de trouver sa singularité.
Diego Vecchio anime également le séminaire « Inventer une langue imaginaire ». Il y parle de l’expérience des avant-gardes poétiques, des surréalistes, de la poésie sonore, et de glossolalie « avoir lu ces textes religieux, psychiatriques, et d’autres, montrent qu’ils inventé une langue. On aborde ainsi le rapport à la langue maternelle, point aveugle. Le fait d’écrire dans une langue étrangère produit une déconstruction avec la langue maternelle. Par exemple, Becket plus baroque en anglais qu’en français. C’est ce décalage entre les langues qui peut permettre de trouver sa propre langue ».
Delphine Tranier-Brard: « Rendre l’écriture, l’acte d’écrire, accessible à tous »
Aleph a été fondé en 1985 par Alain André et un petit groupe d’enseignants en lettres. Animés pour certains par le désir de devenir écrivains, ils n’étaient pas satisfaits de comment la littérature était à l’époque enseignée à l’école. Aleph s’est donc au départ donné pour mission de rendre l’écriture, l’acte d’écrire, accessible à tous, d’accompagner chacun à s’autoriser à écrire, à trouver une porte d’entrée dans l’écriture.
Directrice pédagogique d’Aleph-Ecriture, Delphine Tranier-Brard intervient aussi comme animatrice d’ateliers depuis 2012. Elle conduit cette année la Formation au métier de biographe, co-créée avec Michèle Cléach en 2014, et les Formations à l’animation d’ateliers d’écriture pour les passionnés qui souhaitent animer, comme celles spécifiquement conçues pour les auteurs.
S’inspirant des ateliers d’écriture présents dans les universités américaines depuis plus de 100 ans et qui n’existaient pas encore dans les universités en France, Aleph-Écriture a développé au fil du temps nombre d’ateliers autour du roman, et fait figure de référence dans la Formation à l’animation d’ateliers d’écriture, Tous les ateliers ont en commun leur propre approche pédagogique, fondée sur l’expérience du groupe et un solide corpus littéraire.
Tout savoir de la certification, que vous ayez la formation ou souhaitiez la suivre l’an prochain, ici.