Vous portez une histoire dont vous cherchez la forme ? Dans l’atelier « Construire un roman », Henri Marcel vous accompagnera pour faire émerger votre « chantier » en vous apprenant à manier les outils narratifs adaptés. Nous l’avons rencontré.

L’Inventoire : Peut-on commencer par retracer votre parcours ?

Henri Marcel : A l’université, j’ai étudié la littérature américaine, et longtemps j’ai baigné dans la langue anglaise. Un jour, cependant, un déclic s’est fait, et j’ai commencé à prendre du plaisir à écrire en français, ma langue natale. C’est dans cet esprit que j’ai publié, en 1999, un roman, Iohio (Editions Le Serpent à Plumes), texte très influencé par mes années passées aux États-Unis. Au plan professionnel, à côté de l’enseignement de l’anglais, j’ai toujours travaillé en tant que lecteur pour des maisons d’édition : d’abord des manuscrits anglo-américains, puis dans le domaine français. Ce travail sur les textes s’est poursuivi lorsque j’ai eu l’occasion d’accompagner des auteurs parfois confirmés dans la révision de leurs manuscrits en vue de la publication. Enfin, en tant que responsable du service des manuscrits français de deux maisons d’édition, j’ai pu contribuer à la publication de plusieurs premiers romans.

Justement, quel lecteur de manuscrit êtes-vous ?

Quand on aborde un manuscrit, que ce soit en tant que lecteur « professionnel », ou au cours d’un atelier d’écriture, j’ai l’impression que l’essentiel est de savoir « écouter » le texte, d’accueillir un univers singulier et d’en saisir les enjeux profonds, les lignes de force. S’il s’agit d’un roman à l’état d’ébauche, c’est le même processus : on entre avec plaisir dans un monde particulier, et on pressent les besoins de l’histoire en devenir.

Vous allez animer l’atelier « Construire un roman ». Construire, ce verbe est fort ! Qu’est-ce qu’il implique ?

Effectivement, « construire » est un mot particulier ! Il évoque des blocs patiemment assemblés, en vue de former un édifice cohérent. On peut filer la métaphore en disant que l’écrivante ou l’écrivant entame un chantier dont l’architecture va apparaître peu à peu – de manière mystérieuse, un peu magique, sur un mode artisanal. L’instinct, l’intuition des écrivants sont justes, mais il s’agit de les accompagner au fil des étapes de ce chantier.

Sur la démarche de quels auteurs allez-vous vous appuyer ?

J’aime étudier l’art du détail dans certains livres de Dany Laferrière, Nathalie Sarraute ou Toni Morrison. Pour mettre en exergue les fondamentaux « universels » de la narration, à côté de singularités culturelles uniques, je trouve intéressant d’utiliser des textes d’autrices d’origine vietnamienne, par exemple. Pour la structure du récit romanesque, je pourrai m’appuyer, de manière paradoxale, sur deux lectures récentes un peu particulières : le roman Les projectiles (P.O.L, août 2025) de la jeune Louise Rose commence par le chapitre 16 et file à rebours pour finir sur le chapitre 1 ! Ce n’est pas une pure audace formelle : l’autrice compose un vrai récit, inventif sur le plan de la langue. De son côté, Antonythasan Jesuthasan, auteur d’origine sri-lankaise, vient de publier un roman, Salamalecs (Zulma, août 2025), dont le début se lit d’abord à la manière conventionnelle. Puis, à la page 142, il faut retourner le livre pour recommencer à zéro – construction qui n’est pas un artifice, mais mise au service de la terrible intensité dramatique du récit. Comme quoi, dans le domaine romanesque, il n’existe sans doute pas de règles absolues. On en revient à l’atelier d’écriture, à la construction d’un roman : avant d’envisager de « casser les codes », les participants sont invités à se saisir d’une série d’outils narratifs, de les tester au fil des séances, au service de leur propre texte.

Comment l’atelier va-t-il se dérouler ?

Un atelier d’écriture est le lieu, tout à la fois, d’un travail collectif, et de l’élaboration d’une œuvre singulière, très personnelle. On commence donc par une écoute fine de chaque projet, puis on se saisit peu à peu des diverses modalités narratives (le point de vue, le développement des personnages, la progression du récit…). Les propositions d’écriture, très ouvertes, permettent aux participantes d’œuvrer tout de suite sur leur matière personnelle, pendant l’atelier, et chez soi, lors de l’interséance. Une fois que tout le monde s’est familiarisé avec le projet de chacun, on commence à travailler en binômes, ce qui instaure une nouvelle dynamique, et je contribue à ces échanges en menant de brefs entretiens avec chaque participant. Le processus est lancé !

Camille Berta

Le stage « Construire un roman » proposé par Henri Marcel aura lieu à partir du 15 novembre 2025

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