Cinquante et des poussières
On dit que le froid arrive bien trop vite
Et que les vagues de septembre
Se reflètent à l’envers dans le ciel.
On dit que l’ombre, la lumière
Et le parfum des embruns
Sont prédestinés
Que l’automne emporte
A la première bourrasque
Les derniers sourires
Les caresses furtives
Les regrets revêches
Dont les vapeurs
Pourtant
Restent longtemps
Funambuler dans l’air.
On dit que tu partiras
Parce qu’il en est ainsi
Tout comme l’hiver rompt le charme
Tout comme les pas sur le sable S’effacent.
Tout comme…
Mais pas tout à fait.
Ton allure nonchalante
Brouille les pistes
Tu cilles des yeux
Et à chaque clignement
S’échappent des restes d’enfance.
L’obscurité est un prétexte
Les lampadaires, des « quinquets de taverne »
Et nos mots qui s’effleurent
Font un bruissement d’ailes
De libellule bleue.
On dit que les souvenirs
C’est du temps un peu rebelle
Des fragments délogés
Errant
Dans l’esprit embrumé
En quête d’un asile.
Le vent immobile fait frissonner l’Oyat
Et la peau de mon cou
Par la même occasion.
On dit que les baisers incendiés
Font le même effet.
Longtemps.
Ils flamboient dans un clair-obscur
Jusqu’à ce qu’un bras se tende
Et tire le rideau. Rideau.
Ici les croyances sont coriaces : Quand tout semble se ranimer
A l’arrivée des grandes marées
Quand il suffirait de pas grand-chose
Pour que danse le feu sur les dunes alanguies Voilà que les tempêtes
Travestissent le printemps Et griment nos joues roses De sales larmes noires.
On dit que tu partiras. Le vol bas d’un goéland
Et ta voix devenue tiède
Annoncent ton départ. T
out simplement.
Je cocherai les lundis
Sur mon agenda
Pour faire celui qui
Cinquante et des poussières.