De la note au poème : l’entrelacement de la fiction et de la réalité

Anne Baatard, formatrice animatrice d’ateliers propose des cycles d’écriture poétique chez Aleph-Ecriture. Elle a animé un atelier dans le cadre de le VIIème conférence pédagogique de l’EACWP auquel Camille Berta a participé. Elle nous en livre ici un retour d’expérience.

Par Camille Berta

J’avais très envie de participer à l’atelier proposé par Anne Baatard étant une « afficionado » des carnets de notes et journaux personnels. Dans les ateliers que j’anime, je plaide pour cette pratique de l’écriture régulière sur le vif. Je montre comment cette matière première accumulée au fil du temps peut être une source puissante pour des projets d’écriture de fiction notamment.

Anne Baatard a introduit la séance en évoquant les carnets d’auteurs contemporains comme Laura Vazquez (prix Goncourt de la poésie en 2023) et évoqué la différence entre les notes chaudes sur le travail en cours et les notes froides qui constituent des archives.

Nous avons commencé en prenant des notes brèves pour retenir quelques « copeaux » de la journée écoulée (des bribes d’images, de sons). Nous étions invitées à être à l’écoute de nos sensations, à nous déplacer dans la salle, mais aussi à piocher une phrase du livre que nous étions en train de lire. Une fois ce matériau rassemblé, Anne Baatard nous a proposé de transformer ces notes en poème.

C’est le livre de Sandrine Collette, Et toujours les Forêts, qui occupait mon esprit à ce moment-là. J’ai choisi de reprendre son incipit : « Les vieilles l’avaient dit, elles qui voyaient tout. », et de l’entrechoquer avec des éléments de mes notes du réel. Transposé, cela donnait : « La petite l’avait dit, elle qui entendait tout. » Avec l’apparition de ce personnage et le rythme de ce presque alexandrin, mon texte était lancé. Les notes prises sur le vif devenaient une matière malléable à transformer.

A la lecture, nous avons entendu les échos entre la vie réelle et les textes. Ça et là, on percevait la lumière des néons du sous-sol et le soleil du dehors. Et puis, une personne croisée dans la rue près du FIAP, où nous étions réunis pour ces rencontres, est apparue au cœur d’un poème. Des lecteurs ont reconnu ce personnage transfiguré par l’écriture. Ainsi, nous avons été témoins de l’entrelacement entre fiction et réalité, prose et poésie.

Avec beaucoup de finesse et de justesse, Anne Baatard a fait des retours sur le vif sur les différents textes écrits au cours de cet atelier. Pour certains, l’écriture poétique était une première abordée avec un peu d’appréhension. La ligne a été franchie en toute délicatesse.

CB