Avec les nouvelles formes de récits nées des nouvelles technologies (réseaux sociaux, blogs, podcasts…), le parcours personnel, le singulier d’une vie est devenu omniprésent dans notre paysage culturel.
Destiné au grand public ou au cercle familial, le récit est aujourd’hui protéiforme. Des portraits d’anonymes dans les colonnes des journaux à la réécriture de faits divers dans les romans de non fiction, cette multitude d’entrées dans la vie des autres témoigne d’un ardent désir de constituer une mémoire individuelle ou collective.
Le mot : « récit », s’est progressivement imposé dans le journalisme par le biais de portraits de personnes détachées de la grande Histoire (le paysan, le pêcheur, la caissière de supermarché, etc.), mais il s’est invité également dans les cartouches d’expositions des musées, s’est institutionnalisé à l’occasion de la collecte des « récits de vie des migrants » ou celle des attentes des Français lors de l’ouverture d’un cahier de doléances à l’occasion de la crise des Gilets jaunes. La prise en compte du rôle du soin par la transmission de son histoire s’est aussi développée dans le domaine médical grâce à la biographie hospitalière. L’écrit guérit. La parole répare. Ainsi assistons-nous à une expansion d’écrits individuels témoignant de destins jusqu’alors invisibles, tandis que se développe en parallèle la grande nasse de récits diffusant des vérités « alternatives » sur les réseaux sociaux. Car il y a récit et récit. Récit pour désorienter la multitude et récit pour restaurer l’intégrité de l’individu ou transmettre son parcours.
Si la biographie familiale, réalisée par un-e biographe dans le domaine privé a pris son essor avec le confinement, catalyseur de la prise de conscience de la fragilité de la vie, il témoigne d’un profond courant sociétal, l’indicateur d’une urgence à sauver une mémoire, à en porter témoignage hors des frontières de l’intime.
C’est il y a 10 ans que la formation de biographe a été créée par Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard à Aleph-Ecriture, en vue de fournir des outils professionnels de collecte de « récits de vie », ainsi qu’un cadre éthique pour le faire. Plus de 150 biographes ont suivi ce cycle. Pour les 10 ans de cette formation, Aleph-Écriture organise pour la première fois les « Assises de la biographie » les 21 et 22 mars 2025. Ces journées rassembleront à Paris des experts et praticiens du récit de vie, des biographes et des auteurs, pour explorer l’art de raconter la vie.
Marrainée par l’écrivaine et biographe Anne Berest (autrice de La carte postale, aux éditions Grasset), la question que soulèvera ces « Assises de la biographie » sera celle de la place du récit de vie dans notre société aujourd’hui. A qui s’adresse-t-il? Quels sont ses enjeux, ses limites, ses destinataires? Quelle rôle dans la transmission d’histoires de vie inscrites dans l’Histoire?
Le programme inclura des temps forts tels que des tables rondes sur la mémoire et la transmission et sur la «tension» entre deux désirs : celui de prêter sa plume et celui d’être écrivain; des ateliers animés par des biographes professionnels exploreront en petits groupes des questions et problématiques auxquelles sont confrontés ceux et celles qui exercent l’activité de biographe et de recueilleur de récit de vie.
Alex Lainé, spécialiste de la narration biographique, prononcera une conférence sur l’éthique du biographe le second jour des Assises, car un des objectifs de cet événement est de proposer aux biographes un atelier de réflexion et d’échanges en vue de poser les bases d’une charte commune. Un projet ambitieux, pour consolider les bases d’une pratique éthique et protectrice des droits du biographe et du biographié.
DP
Pour en savoir plus, et s’inscrire aux conférences et ateliers c’est ici.
Lieu des « Assises de la biographie » : FIAP. 30, rue de Cabanis, dans le 14ème arrondissement à Paris.
Créée pour promouvoir l’écriture et la littérature, l’école Aleph-Écriture dispense depuis 40 ans des formations et organise des événements autour de l’écriture et des récits de vie.