La sensation du temps qui s’étire, l’apparition d’une mésange, la furie de vent et de froid, la caresse du soleil par le carreau de la fenêtre, l’odeur du lichen, l’immensité du lac Baïkal, la trace d’un bâton dans la neige et le goût de la vodka …
Voilà quelques-unes des sensations que Sylvain Tesson a rapportées de son aventure d’ermite et qu’il transmet à ses lecteurs dans son livre Dans les forêts de Sibérie, paru en 2011.
Les voyages sont l’occasion de sortir de notre zone de confort (pas de manière toujours aussi intense que Sylvain Tesson !). On se plonge dans un bain linguistique, on goûte des saveurs inconnues, on découvre des plantes, des paysages, une architecture dont nous ne sommes pas coutumiers…
Les carnets tenus au cours des voyages permettent de traduire ces expériences avec des mots et d’en conserver une trace. Sylvain Tesson plaide pour cette pratique de l’écriture quotidienne : « J’archive les heures qui passent. Tenir un journal féconde l’existence. » Plus loin, il ajoute : « Penser qu’il faudrait le prendre en photo est le meilleur moyen de tuer l’intensité du moment. »
Les journaux peuvent également être une précieuse matière première dans laquelle puiser pour écrire des années plus tard. Quand Pete Fromm a décidé de retranscrire l’hiver passé seul dans les montagnes de l’Idaho pour surveiller la réimplantation d’œufs de saumons, il a d’abord puisé dans ses souvenirs. Puis il a relu son journal de bord de l’époque et a été très étonné de redécouvrir des anecdotes complètement oubliées. Indian Creek est paru en 2010, trente ans après ce glacial hiver.
Vous arrive-t-il de tenir un carnet de bord pour accompagner ou remplacer les photos prises lors de vos voyages ?
Camille Berta
Camille Berta animera l’atelier « Sensations de voyage » à l’Hôtel Marais Home le 7 octobre 2025. Ce sera l’occasion de faire appel à vos souvenirs pour écrire à partir de vos sensations.