Le bruit des choses éteintes
Il y a cette plage.
Pas vraiment vide.
Juste vidée.
Le vent passe au ralenti.
Il ne cherche plus à convaincre.
Un lampadaire se dresse,
trop droit pour être honnête.
Sa lumière tombe comme une injonction,
froide, propre, sans appel.
Des ombres s’étirent,
rangées, disciplinées.
On dirait qu’elles n’osent plus débattre.
Deux silhouettes au centre.
Ni proches, ni lointaines.
Alignées comme des questions qu’on reporte.
Elles marchent,
ou font semblant.
Comme on fait semblant d’aller bien,
en enfilant ses pas comme un vieux pull.
Les maisons ferment les volets.
Dignité de façade.
À l’intérieur,
des cris muets
et des dimanches qui s’éternisent.
La mer est loin.
Le sable reste.
Sec, lisse, presque dévitalisé.
On dirait un souvenir mal conservé.
Je regarde.
Pas pour comprendre.
Pour sentir ce que ça remue,
là où c’est resté coincé.
Ce n’est pas un lieu.
C’est un état.
Celui où rien ne bouge,
mais tout menace de basculer.
Le silence fait du bruit.
La lumière dissèque.
Et le ciel retient sa chute.