« Cinquante et des poussières », Corinne Velasco Echeveste

Cinquante et des poussières

 

On dit que le froid arrive bien trop vite

Et que les vagues de septembre

Se reflètent à l’envers dans le ciel.

 

On dit que l’ombre, la lumière

Et le parfum des embruns

Sont prédestinés

Que l’automne emporte

A la première bourrasque

Les derniers sourires

Les caresses furtives

Les regrets revêches

Dont les vapeurs

Pourtant

Restent longtemps

Funambuler dans l’air.

On dit que tu partiras

Parce qu’il en est ainsi

Tout comme l’hiver rompt le charme

Tout comme les pas sur le sable S’effacent.

Tout comme…

Mais pas tout à fait.

 

Ton allure nonchalante

Brouille les pistes

Tu cilles des yeux

Et à chaque clignement

S’échappent des restes d’enfance.

 

L’obscurité est un prétexte

Les lampadaires, des « quinquets de taverne »

Et nos mots qui s’effleurent

Font un bruissement d’ailes

De libellule bleue.

 

On dit que les souvenirs

C’est du temps un peu rebelle

 

Des fragments délogés

Errant

Dans l’esprit embrumé

En quête d’un asile.

 

Le vent immobile fait frissonner l’Oyat

Et la peau de mon cou

Par la même occasion.

On dit que les baisers incendiés

Font le même effet.

Longtemps.

Ils flamboient dans un clair-obscur

Jusqu’à ce qu’un bras se tende

Et tire le rideau. Rideau.

Ici les croyances sont coriaces : Quand tout semble se ranimer

A l’arrivée des grandes marées

Quand il suffirait de pas grand-chose

Pour que danse le feu sur les dunes alanguies Voilà que les tempêtes

Travestissent le printemps Et griment nos joues roses De sales larmes noires.

 

On dit que tu partiras. Le vol bas d’un goéland

Et ta voix devenue tiède

Annoncent ton départ. T

out simplement.

 

Je cocherai les lundis

Sur mon agenda

Pour faire celui qui

 

Cinquante et des poussières.