Andante
Nous marchons sous des soleils factices
Sur le sable martelé
Par une compagnie de petits sangliers
Qui dans la journée s’étaient gavés de melons
Droite et droit dans la nuit nous marcherons jusqu’au matin
Nous traverserons la nuit
Sans peur
Et rirons aux éclats
Notre gorge déployée offerte au ciel
Et jetterons les éclats de nos rires
Par-dessus nos épaules
Comme une coupe de champagne
Bue
Sous nos pas le sable encore humide crisse comme la doublure d’un imperméable
Il n’y a pas d’autre bruit
Nous traversons un paysage d’éternelle promenade
Sous la lumière crue des hauts lampadaires
Des gens tranquilles nidifient
Dans d’anciennes maisons cossues
Rien ne pourra nous arriver
Il est tard déjà
Un vent salin se lève
Nous clignons des yeux
Nous nous léchons la commissure des lèvres
Notre langue rapporte de minuscules cristaux
Ce ne sont pas des larmes
Le jour est loin
Dans l’anse
Un homme seul
Se coule dans l’eau noire
Invisible
Il nage vers les petites lumières qui bordent la côte
Notre bateau file au vent
Salin
Il ne peut rien nous arriver
Le flux et le reflux se murmurent des secrets
Sur le sable
Nos pas s’érodent
Dans les maisons cossues
Les petits sangliers se régalent de melons succulents
Le vent salin s’est levé
Il fait un peu froid à présent
Et voici que je me tiens en arrière
J’ai peut-être emmêlé mes lacets
Je les vois s’éloigner
Dans le couloir de lumière des soleils factices
Dans le temps
Il ne reste que des contrastes
D’encre
Formes ombres lumières
Et la texture du sable
Irréductible
Main dans la main
Nous sommes passés
Dans le fouillis de la forêt
Les petits sangliers repus
Dorment
Trainer encore
Un peu