Les 3 lauréats du Prix du concours EACWP Flash Fiction France

Avec 156 textes reçus, nombreuses ont été les participations au concours européen de Flash Fiction proposé par l’association européenne des programmes d’écriture créative (www.eacwp.org) dont Aleph-Écriture fait partie.

Parmi les trois gagnants francophones, Valérie Thierry, Isabelle Chevalier et Annick Harel-Bellan, la première lauréate (Valérie Thierry), sera en compétition avec les gagnants des autres écoles d’écriture européennes. Vous pouvez participer au vote du public en cliquant ici. Ce texte traduit en anglais étant toujours en compétition avec les gagnants des autres écoles d’écriture européennes participantes.

1er prix – Ici –Valérie Thierry

Ici

Alors, il était reparti dans la nuit humide. Les rues désertes étaient jonchées de détritus. Depuis hier, le vent soufflait fort, les cargos étaient à l’arrêt. Le trafic ne reprendrait que plus tard, sporadique. Et comme toujours sous contrôle. De part et d’autre, quelques lampadaires. Une lumière sombre rasant le bitume. Son regard attrapa quelque chose, là, sur le sol. Un petit panneau de bois peint qu’il ramassa. Rouge, vert, blanc, façonné de style faussement rustique : « Home sweet home ». Il frôla de ses doigts ces quelques lettres gravées. Puis glissa dans sa poche cette mince promesse.

Here

Then he was gone again in the damp night. The deserted streets were littered with garbage. Since the day before, the wind blew hard, the cargo ships were at rest. The traffic would resume later, sparsely. And as always under control. On both sides, a few lamp posts. A dark light embracing the concrete. His eyes caught something, there, on the ground. A little painted wood panel that he picked up. Red, green, white, manufactured in a pseudo-rustic-style: “Home sweet home”. He ran his fingers on these few engraved letters. Then he slipped the thin promise in his pocket.

2ème prix – Pique-nique Isabelle Chevalier

Pique-nique

Une grande balade en ville un dimanche radieux de février. Les enfants courent devant en se chamaillant, avec des « maman regarde-moi » pressants. Un arrêt au marché pour prendre des oranges et du jambon, un autre à la boulangerie pour le pain. Nous déjeunons assis sur un banc, le visage tourné vers le soleil. Mais l’ombre vient trop tôt dans ces rues étroites. Malgré la fraicheur, je ne veux pas rentrer. Ce n’est pas chez nous chez Tante Lucie, même si elle a promis un chocolat chaud aux garçons. Même si c’est mieux qu’une chambre d’hôtel.

3ème prix – Après le bip Annick Harel-Bellan

Après le bip


La voix chevrotante résonne dans le silence du minuscule appartement parisien, illuminé par un soleil printanier qui traverse les voilages. Il flotte une odeur de café frais et d’encaustique. Une belle matinée ! Une magnifique journée qui s’annonce ! « Bonjour. Je ne suis pas à la maison… vous pourrez laisser un message… après le bip. » La vieille dame dans son fauteuil entend sa propre voix. Lointaine, brumeuse. Elle ne se lève pas pour répondre. Elle se demande juste si elle réussira à entendre le message de sa fille, après le bip. Avec cette douleur terrible, dans sa poitrine…

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