Nuit de la lecture : « Alors ce soir » – Françoise Fournié, Isabelle d’Arthuys (3/4)

Pour cette nuit de la lecture 2022, où nuit et amour étaient deux mots pour donner direction aux imaginaires, 30 participants ont écrit à partir du poème « Alors ce soir » de Cécile Coulon (Noir Volcan, Le Castor Astral). Voici les textes de Françoise Fournié et d’Isabelle d’Arthuys.
Françoise Fournié

Causse torride

Le Causse torride en août brûlera en moi je m’arrêterai sidérée

L’éclat des pierres m’éblouira

Les herbes craquantes trembleront dans la lumière crue

 

Alors ce soir mon bel amour je t’écris

Pour que l’été radieux explose

En gerbes de feux dans mon corps qui tremble

 

Le hameau se serrera dans les grondements du tonnerre

La terre aride boira l’orage

Le torrent dévalera la route emportant tout ce qui ne tient pas bien

 

Alors ce soir mon amour je t’écris

Pour que la tempête enfle encore ! toujours !

Dans mon cœur qui s’affole et suffoque noyée perdue haletante

 

La maison sera là silencieuse palpitante

Elle fera face à la nuit foudroyée presque

Des volets claqueront            ouverts           fermés            ouverts           fermés

 

Alors ce soir mon tendre amour je t’écris

Pour que dans la chambre qui cache le désordre de nos nuits

Ton corps se referme sur le mien

Atome dans l’univers

Bulle d’éternité

Coquille scellée

Isabelle d’Arthuys

Le secret-aire

Le secrétaire semble tenir debout par miracle

Comme un faon qui se déplie à la naissance, ses pieds sont fins et fragiles

Transmis par les femmes, il recueillera leurs flammes

Alors ce soir mon amour je t’écris

Pour invoquer les larmes de celles qui me précèdent

Comme un prêtre apprête son autel

Apparaissent de fines fleurs marquetées sur le rabat fermé

Sirènes végétales, leurs branches enlacées dansent sur le bois blond

puis s’effaceront dans l’éclat des rayons

Alors ce soir mon amour je t’écris

Pour m’enivrer à l’encre de nos émois

Comme une barque à la dérive qui retrouve sa voie

Sous un tiroir glisse une porte dérobée

Cachette intime des secrets partagés

Qui succomberont en lisière de l’oubli

Alors ce soir mon amour je t’écris

Pour célébrer les ondes de l’écho de nos voix

Comme une conque laisse échapper son appel

 

 

Partager