À Part la nuit
À part la nuit,
revenir
entre deux chapitres bordés d’un trait de charbon,
sous la fresque d’une ville
due au hasard.
Écouter l’autre voix
lire le flux dépouillé,
à la merci des vents contraires
sur le linge noir des ombres échappées d’une autre fête.
À part la nuit,
souvenirs accrochés,
paroles éphémères
et sédiments contrastés
des succès sans issues
fendus par l’éclat boussole
du livre d’or des tempêtes.
Miettes nacrées
des débuts de l’histoire,
sous l’encens des archers
ignorer la mesure,
mettre en joue les faux semblants,
se désassembler.
A part la nuit
humer les racines
des sources de l’eau forte,
à la brèche liquide
parcourir la distance,
prolonger l’écho
se dire deux trois fois,
rien.
Tentées de dilution
par le ressac des heures lentes,
sur le fil inépuisable
d’un brouillon incertain,
seules restent les ombres,
alibis de nos pas,
sans passé ni futur.
A part la nuit
happée par le flot continu,
glaner dans cette parenthèse
la carte illusoire
d’un estuaire de silence
sous la cloche zodiaque
d’un jardin mouvant,
tisser nos estompes
sur un brocart de fumée.
Ravitailler d’éperdu
le combat des choses
guidé par la buée
des délitements hypnotiques,
entre le vide et le rien
prendre ce qu’il reste,
revenir à l’aube pâle
vers la chambre haute
pour traverser, un dernier cri,
à part la nuit.