Sur nos agonies pleurer
2h43 / Je ne dors pas / Je ne dors plus / Je ne sais plus depuis quand
…
Les semelles emmêlées
Dans les ruelles blêmes
J’erre la nuit
Je marche le long de longues plages
En sens interdit où des réverbères veillent
Dressés comme des sentinelles militaires
Hors cadre dans l’ombre du front de mer
Accoudée au balcon du paysage
Je reste immobile à posséder le sable
L’immensité de la mer huileuse
Ne pas regarder en haut où / Plus aucun oiseau ne volera / Jamais
Ne pas regarder le ciel où / Plus aucune étoile ne luira / Jamais
Ne pas regarder trop loin où / L’ onde de vie des gens d’en face / Se meurt
Adapter son regard à ce qu’il reste d’espoir
Juste … Scruter la mer étale où
Des rumeurs de deuils mélancoliques
S’échouent dans des bouteilles jetées de rage
Juste …Cligner des yeux devant les lumières artificielles au garde-à-vous
Au petit matin le clac clac clac épuisé de l’éclairage blafard
Me tire de mes rêveries
Je jette un dernier coup d’oeil au vieil accordéoniste endormi
Qui toute la nuit a joué des airs de résistance
Et sagement je prends le chemin de l’usine
Sur mes lèvres dans mon ventre le froid entêtant de la peur
Le dégoût de l’autre devenu phobie nationale
Sous ma peau comme un membre fantôme
Ce n’est pas rien cette absence inconsolable
….
6h25 / J’aimais nos vies d’avant lorsqu’elles s’écoulaient entre nos mers / Et lâchement dans une
dernière humanité / Sur nos agonies pleurer.