Comment écrire une nouvelle ? Les conseils du magazine La Machine à écrire

Le magazine La Machine à écrire consacre son numéro 4 à la nouvelle. Une vision très complète de ce genre à travers le point de vue de trois écrivains, qui met l’accent sur les fondamentaux de l’écriture d’une nouvelle, permettant à l’écrivain d’expérimenter une diversité de situations, de personnages, et d’univers sur une courte distance.

En cette période de concours estival de nouvelles, nous avons lu pour vous le numéro spécial du magazine de notre partenaire, La machine à écrire, dédié à ce genre méconnu. Parfois qualifiée de mini-roman, quand elle fait 100 000 signes et plus (Szweig), plus souvent d’un format de 8 000 à 20 000 signes, la nouvelle répond à un certain nombre de contraintes qui libèrent l’imaginaire.

Selon Sébastien Henry, écrivain et conférencier, la nouvelle est un laboratoire d’écriture qui sert de matrice au roman. De la même manière qu’il faut pour écrire, selon Virginia Woolf, « une chambre à soi », en matière d’écriture, la nouvelle peut être « un espace à soi », c’est en tout cas ce que développe Sébastien Henry.

« Choisir des personnages très différents de nous aide à libérer notre écriture car celle-ci est aussi façonnée en partie par la façon dont un personnage regarde le monde ». Sébastien Henry

Dans son article : « Libérer son écriture », il prône la nouvelle avant tout pour tester des personnages, ce que ne permet pas le roman, vu l’envergure du projet. Un recueil de nouvelles nécessite selon lui une grande variété de personnages et de situations pour tenir en haleine le lecteur d’un texte à l’autre, et c’est en cela qu’il est un véritable laboratoire de fiction.

C’est également, un format particulièrement propice à l’écriture de dialogues, qui permettent d’aller plus vite à l’essentiel pour exprimer la personnalité des protagonistes dans un format court.

Sébastien Henry encourage à écrire une nouvelle par mois pendant 6 mois, et de choisir des personnages évoluant dans des milieux les plus éloignés des nôtres pour booster notre imaginaire, faisant le pari que plus on s’éloigne de soi et de son univers, plus on est libre.

Définition de la nouvelle par Frédérique Deghelt

La nouvelle, on en lit, on en parle, on en écrit parfois, mais finalement que permet-elle aujourd’hui en tant que genre littéraire ? C’est la question que pose Frédérique Deghelt dans son article très documenté, où elle dresse la définition suivante de ce format court :

« La nouvelle littéraire est un bref récit d’action qui nous place dans une sorte de réalité construite de façon intense. Elle offre souvent un dénouement inattendu et comporte peu de personnages, peu d’actions et peu de lieux. La plupart du temps, l’action est menée par un seul personnage qui nous immerge au cœur du récit.

La longueur d’une nouvelle limite l’auteur dans le nombre d’éléments qu’il peut exposer au lecteur. C’est pourquoi le nouvelliste doit se concentrer sur le moment le plus intense de son récit, le point culminant de son histoire, c’est-à-dire les deux dernières étapes narratives du roman : le climax et le retour à l’’équilibre ».

Héritée du Moyen-Age puis dans sa forme la plus récentes en recueil, du Décaméron de Boccace, la nouvelle vient de loin. Elle est organisée autour d’une anecdote qui transformée en histoire fait réfléchir le lecteur. Elle ne construit pas tout un monde fictionnel en tant que tel, comme le roman, mais attire l’attention sur un détail qui éclaire l’ensemble. C’est historiquement une forme furtive, précise, où le style et la forme priment pour saisir l’attention et réveiller la sagacité du lecteur.

« Trouvez l’émotion clé, c’est peut-être tout ce que vous avez besoin de savoir pour trouver votre nouvelle. » Francis Scott Fitzgerald

Eric Faye, auteur d’un grand nombre de recueils et spécialiste de la question, décrit quant à lui la nouvelle comme une « confédération de genres voisins : il y a la nouvelle de SF, la nouvelle fantastique, la nouvelle sur l’absurde, des nouvelles à chute ou sans chute, des tranches de vie, des portraits, c’est cette cohabitation des genres qui me fait dire cela. Il n’y a pas une forme unique de nouvelles. Il y a certaines constantes qui reviennent d’un genre de nouvelles à un autre bien sûr, mais c’est l’école de la diversité. »

La magazine propose alors plusieurs séries d’exercices pour entrer dans votre première nouvelle, tous très inspirants.

Alors n’attendez pas pour mettre en pratique tous ces conseils, lancez-vous grâce à une des premières phrases d’un de ces exercices, et pourquoi pas, écrivez une histoire autour du désir d’un de vos personnages ?

Nous seront heureux de la lire dans le cadre de notre concours, en partenariat avec La Machine à écrire.

D’ici là, n’attendez plus pour découvrir tout sur la nouvelle, dans ce très beau numéro spécial, en vente dans tous les Relais H ou sur le site du magazine.

Danièle Pétrès