Lors de la VIIème conférence pédagogique de l’EACWP, j’ai eu le plaisir de participer à un atelier d’écriture proposé par Blandine Bricka. Formatrice et animatrice chez Aleph Ecriture, elle fait également partie du Collectif « Dire le travail » dont l’objectif est de valoriser la parole des travailleurs sur leur activité.
Elle nous a donné l’occasion de questionner le travail en écrivant le monologue intérieur d’une personne rencontrée dans le cadre de son activité professionnelle. Mais avant de passer à l’écriture, elle a partagé avec nous quelques notions de base de l’analyse du travail pour nous permettre de faire la différence entre le travail prescrit (qui s’impose à nous de l’extérieur) et le travail réel (ce qui se déroule réellement en situation).
Nous avons pris le temps de noter les prescrits qui pourraient être ceux de la personne rencontrée. Il s’agissait de prendre en compte non seulement les objectifs fixés par la hiérarchie et pouvant faire l’objet d’une évaluation, mais aussi les prescriptions remontantes venant de la matière, du vivant et du psychisme qui peuvent notamment correspondre aux valeurs de la personne et aux interactions avec les clients et ou patients…
Les textes partagés nous ont permis d’évoquer les débordements entre le travail attendu et le travail réel, le protocole et l’organisation du travail qui nécessitent de faire face à de très nombreux impératifs, la négociation entre travail et vie personnelle – le besoin de cloisonnement dans certains cas, la place de l’un et l’autre des interlocuteurs et l’asymétrie que provoque cette situation mais aussi le plaisir au travail.
Nous avons entendu des textes drôles et finement ciselés qui faisaient notamment entendre la voix de coiffeuses ou d’employés de bureau. Ce détour par l’expérience d’autres professions que la nôtre nous a non seulement permis d’aborder avec une certaine distance notre propre rapport au travail, mais aussi prouvé – s’il en était besoin – que l’observation du réel est une formidable matière première littéraire.
Camille Berta