Catherine Loup Wolf

Mon Prince,

Ce matin, les nuages retiennent la pluie comme je retiens mes larmes.
Lorsque vous m’avez quittée j’ai pensé: « il va me revenir vite, il ne tiendra pas trois jours loin de moi ».
Durant toute une année, chaque instant de chaque jour je vous ai espéré.
Tout ce temps chargé d’autant d’indifférence me creuse d’une douleur insondable.
Nuit et jour, tout ici me parle de vous et de votre absence

Le ciel auréolé de rose au jour naissant,
La toile d’araignée scintillante de mille diamants,
La douceur de la brise lorsqu’un frisson me traverse,

La violence de la bise, les gifles de l’averse,
Comme vous me manquez…

La beauté du givre et le froid qui me transperce

Quand les flocons valsent, me frôlent et me caressent,

Le chant de l’eau, les trilles d’une grive, l’or du silence,

Un rayon de soleil, sa poussière, une danse,
Comme vous me manquez…

Le ciel du couchant qui fuse, sublime aquarelle
Le papillon frémissant au bord de l’ombelle,
La myriade d’étoiles, muettes compagnes de tourment,

La paix disparue, le long sommeil en suspens,

Comme vous me manquez…

Au fil de cette année étirée, les jours puis les mois se sont égrainés.
J’en ai vu des couchers de soleil, j’en ai découragé des baobabs, j’en ai supporté des chenilles pour les papillons.
Chaque instant de chaque jour, je vous ai tant espéré.
Cette attente me dissout peu à peu, je sens que je m’efface et bientôt ne serai plus. Lorsque vous trouverez cette lettre, le dernier grain de sable sera écoulé…

Adieu mon Prince.

Votre Rose

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