Résidence d’écriture et de formation à Biarritz. Dimanche : Marie-Pascale Lescot

La 2ème résidence de formateurs d’Aleph s’est déroulée du lundi 10 au vendredi 14 février sur la côte basque. Au programme pour sept animateurs, ateliers le matin, écriture personnelle puis réflexion pédagogique l’après-midi. L’inventoire publie cette semaine 6 textes écrits par les formateurs qui y ont participé, comme une porte entrouverte sur un atelier d’écriture.

Pèlerinage quotidien à l’océan ; entendre/découvrir des voix et des écritures ; de l’informel, du lien.

Pourquoi une telle résidence ? Parce que pour accompagner l’écriture des autres, il faut vivre au contact de la sienne… parce que les animateurs aiment aussi être animés…. parce que repasser par l’espace de l’atelier nous refait toucher du doigt ce qu’est être un participant ou un écrivant. Et parce qu’on adore écrire et qu’on en a besoin.

Marie-Pascale Lescot

Lundi, avant la résidence.

Je suis arrivée à Biarritz la veille, histoire de me mettre dans le grand bain océanique et de vérifier si la cidrerie Hernani tient sa réputation. Je constate, comme ailleurs, que le littoral s’effondre, laissant à nu des falaises amochées sur lesquelles dégouline une terre ocre sale. Le sentier côtier y disparaît, suivi, bientôt, par quelques manoirs Tudor épris d’immensité qui fricotent désormais avec le vide. Les halles affichent des tomates cerises à 18 € le kilo, les biarrots se pressent dans leurs doudounes bleu marine, la serveuse du caboulot annonce fièrement qu’elle cherche un appartement. « Un appartement à acheter ? » lui demande sa collègue incrédule derrière la pile de mini bocadillos sur le comptoir. « Oui, à acheter. C’est un investissement. » Je me dis, punaise, c’est partout pareil. Il est vrai que cette ville a accueilli en août dernier dans ses rues pentues et courbées – on se demande comment – ceux qu’on appelle les « grands de ce monde ». Nous, c’est plus modeste. Nous commuterons à pied, nez au vent l’air absorbé, selon un circuit assez répétitif qui va de la villa de France Langues au casino sur la grande plage. Me revient le titre d’un film américain sur le basket ball, « White men can’t jump ». Les animateurs d’atelier d’écriture peuvent écrire, ils adorent ça et ils viennent ici pour cela.

Marie-Pascale Lescot, coordinatrice de la résidence Aleph-Écriture, auteure et animatrice

Photo: Marie-Pascale Lescot

Photo de tête d’article : Sylvie Neron-Bancel