« Silence » de  Candice Ruillier

Silence

 

Dieu me parle tous les matins entre 8 heures et 10 heures.

Hier, il était en retard. Je ne me suis pas inquiétée. J’ai attendu, confiante. Vers 11 heures, j’ai fini par partir faire les courses, il manquait des œufs et du lait. Cela ne lui ressemble pas de m’appeler en plein milieu du rayon frais, je n’y ai donc pas repensé avant d’être de retour à la maison et d’avoir tout rangé. En plus des œufs et du lait, j’avais finalement rempli le coffre de lots de deux et de promotions du dernier jour.

Déjeuner sur le pouce. L’après-midi était pluvieux, un peu maussade. Moi je me sentais triste. Son appel m’avait manqué. Je n’avais le goût de rien. Attendre jusqu’au lendemain matin me semblait une éternité. Il n’a pas appelé non plus en fin de journée, pendant ma marche en forêt, comme ça lui arrive parfois. Rien. Le grand silence et une pluie fine qui semblait s’installer.

J’ai eu beau guetter mes rêves cette nuit, aucune apparition là non plus. Je pensais sortir au petit matin pour une nouvelle balade. Je n’en ai pas eu le courage. Assise avec mon imperméable et mes bottes, prête à partir, j’attends depuis quatre heures. Un café refroidi dans les mains. Il est onze heures treize quand je franchis le pas. Oui, allo, c’est pour signaler une disparition.

 

Candice Ruillier