tumblr_mdfr3cGZck1r9f6ff« Le Bomer » est un tumblr déjà culte. Bobo et chômeur, Nathanaël Rouas y raconte sa vie d’auto entrepreneur sponsorisé par Pôle Emploi. En résultent des chroniques dans l’air du temps, probablement destinées à être publiées sous forme de livre, comme « La Collection » d’Yves Dauteuille. Cet amateur de mobilier IKEA a fait du texte de ses petites annonces sur le « Bon Coin » des nouvelles (Editions Flammarion). Attention, Humour Bac + 5…

DP

http://bomeur.tumblr.com/

Extrait du bomeur:

Agé de 25 à 35 ans, le Bomeur fait partie de cette génération qui a entendu ses parents lui répéter à longueur de journée  « sois prudent ».
« Tu veux faire une école de ciné ? Ouais mais bon, sois prudent, tente la fac de droit, tu verras après»
« Tu veux être graphiste ? Mais graphiste, tu ne trouveras pas de boulot, sois prudent, fais une prépa HEC ».
« Tu veux faire de la télé ? Mais la télé chéri, y’en a 1 sur 1 million qui réussit, sois prudent, fais Dauphine, assure tes arrières, et tu verras après ».
Pour ses parents issus d’une génération qui s’en sortait déjà pas mal avec un bac en poche, faire des études jusqu’à obtenir un Bac+5, c’était l’assurance de voir grandir leur gosse en l’ayant mis sur la bonne voie.
C’est vrai que pendant ses études, le Bomeur n’imaginait pas une seule seconde se retrouver un jour au chômage.
En cours, ses professeurs lui parlaient de « postes à responsabilité chez L’Oréal, de marketing, de relation client,… »
Pour lui, le chômage, c’était ce qu’il voyait dans les films français : Karine Viard qui voit son usine fermer et qui se retrouve avec ses 3 enfants sous la pluie pendant plus d’une heure trente d’angoisse.
Bien loin de ce que ses parents et ses professeurs lui promettaient.
Sauf que le Bômeur, avec son Bac+5 en main, s’est finalement retrouvé sur le carreau 4 ans après la fin de ses études.
Du coup, le « sois prudent » de la génération du dessus sonne bizarre.
« Putain, je me suis fais chier à faire les études que je ne voulais pas faire à la base, pour finalement me retrouver au chômage comme tout le monde ».St Bomer
La créativité et la prise de risque sont rarement récompensées durant les études (à part quand le Bomeur ne révisait qu’un chapitre sur 12, et qu’il choppait un 16 grâce à un coup de cul).
Pourtant, cette nouvelle génération de chômeurs décide dès sa première rencontre avec « lameufdepolemploi », de faire à présent ce qu’elle voulait depuis le début.
 Fini le « sois prudent ».
Les Bomeurs décident généralement que leur première année de chômage va leur servir à prendre des risques :
« En ce moment, je monte ma boîte de prod »
« En ce moment, je monte une start up »
« En ce moment, je monte ma galerie »
« En ce moment, je suis sur un programme court »
Il y a deux interprétations à ce que vous voyez en passant devant la terrasse de Chez Prune un mardi à 15h en vous rendant à votre « rendezvousclient ».
La première, qui saute aux yeux : « bordel, y’en a du monde dehors en pleine journée, mais qu’est ce qu’ils foutent les gens sérieux ? »
Mais si vous vous intéressez un peu à la discussion qui a lieu, vous serez étonnés par la place que prennent « l’avenir et les projets» dans les discussions de Bomeurs.
Ca échange, ça prend le temps de murir la réflexion, ça fait un pas en arrière pour en faire deux en avant au prochain Perrier Menthe.
Ca se donne des coups de mains « Mec, tu peux me faire un logo pour ma nouvelle agence steuplait ? » « Mec, t’as pas une idée de buzz pour le lancement de ma marque de fringue ? » « Mec, tu connais pas des investisseurs prêts à mettre un peu d’argent dans ma start up ? »
Les Bomeurs ne savent pas encore si leur année de prise de risque « contrôlée » grâce à la présence d’un salaire ASSEDIC à la fin de chaque mois va être récompensée.
Mais dans le doute le plus profond, les Bomeurs se rappellent le fameux « sois prudent » de leurs parents qui ne leur a pas du tout permis d’être épargnés par la crise.
Il y a quelques temps le « Jeunes de France, barrez vous » faisait grand bruit.
Une belle connerie.
« Jeunes de France, prenez des risques » !
Vous avez un an ou deux pour tenter votre chance. Vous aurez plus tard le temps d’envoyer vos CV aux boîtes que vous détestez mais qui vous assureront un salaire minimum… le dégoûtant « job alimentaire »
Le « sois prudent » des parents est révolu.
Peut-etre que dans 30 ans, un autre gamin écrira que le « prends des risques » de ses parents l’a mis dans la merde, mais vue celle dans laquelle nous sommes en ce moment, il ne pourra pas vraiment nous en vouloir ».

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