Le printemps de Sergey Kononov à la galerie Lazarew

La galerie Lazarew dans le 3ème arrondissement de Paris a été une des premières à rouvrir après le confinement. Un optimisme et un engagement auprès des artistes qui se reflète dans une programmation tournée vers la peinture, autour de jeunes artistes à la personnalité artistique marquée.

Très vite à la mi-mars, de nombreux galeristes avaient modifié leur rapport avec le public et les collectionneurs pour le rendre plus personnel, simple et immédiat en réalisant de courtes vidéos réalisées avec les moyens du bord (une vidéo sur leur smartphone). Certains ont ainsi pu continuer à parler des artistes qu’ils ont choisi d’exposer. Monsieur Lazarew en a fait partie.

On peut découvrir encore pour quelques jours, les toiles de Sergey Kononov au 14, rue du Perche à Paris ou sur le site de la galerie (où a été créée une « viewing room » pour une visite virtuelle).

Rencontré à 19 ans, alors que celui-ci venait de s’inscrire en 1ère année des Beaux-Arts de Paris, c’est la 4ème fois qu’il expose Sergey Kononov.

Marqué en 2019 par sa rencontre avec l’oeuvre de Sandro Botticelli à Florence, ce jeune artiste originaire d’Odessa nous offre aujourd’hui une peinture plus classique, saisissant ses personnages dans l’éclosion charnelle du printemps de leur vie.

De La Naissance de Vénus, il a gardé dans le portrait grand format d’un jeune homme, l’évanescence des cheveux blonds, tandis que le traitement de branches de myrtes rappelle le rendu a tempera (peinture à l’eau et à l’œuf) utilisé par Boticelli, conférant une forme de mystère au feuillage et rappelant le répertoire sacré.

Comme Vénus se réveillant d’un rêve, la longue chevelure de l’homme répond ainsi à celle de la Vénus de Boticelli.

Cette vénus-homme au dos tourné qui nous regarde rejoint ainsi sur les murs de la galerie les scènes de jeunes couples saisis dans leur intimité, réinterprétées en êtres sans mythologie autre que celle de leur jeunesse et de la liberté de leurs mœurs. 

Plus loin, trois miniatures de jeunes femmes, saisies dans une concentration muette, le regard absent, rappellent les icônes comme pour sublimer le passage d’une jeunesse aussi immortelle que la recherche de la représentation sacrée de la beauté.

C’est ce détournement des codes de la peinture classique pour investir le répertoire profane du quotidien qui rend si frappants ces portraits. Sergey Kononov a foi en sa peinture, et nous livre des toiles surprenantes et modernes… À découvrir pour quelques jours encore à la galerie Lazarew ou sur le site de la galerie.

Danièle Pétrès