David Hockney : « J’ai fait ce que je voulais faire chaque jour de ma vie »

Jusqu’au 14 février se tient l’exposition de David Hockney « A Year in Normandie”, au musée de l’Orangerie à Paris.

C’est en allant voir la Tapisserie de Bayeux en 2018, que David Hockney découvre la Normandie. Séduit par la lumière et la nature préservée du pays d’Auge, il pense d’abord y louer une maison pour peindre ce qu’il voit, n’en trouve pas qui accepte les fumeurs, alors il en achète une, du côté de Cambremer.

Fasciné par la technique des peintures chinoises en rouleaux, c’est l’absence de perspective et d’ombre qui l’a intrigué dans la Tapisserie (œuvre du XIème siècle), et sa capacité à raconter une histoire en images. Une fois installé dans sa maison, il commence à peindre l’arrivée du printemps en Normandie, comme il avait peint le paysage de son Yorkshire natal, dix ans plus tôt.

Toute peinture est abstraite, c’est ce que sont les deux dimensions. J’ai toujours regardé les objets et essayé de faire quelque chose de ce que je voyais. David Hockney

Quinze jours après son installation, il est confiné en Normandie et réalise d’abord 116 dessins dont certains seront exposés à la Galerie Lelong quelques mois plus tard, sous le titre « L’arrivée du printemps en Normandie ». Puis il poursuivra l’exploration de ce qu’il voit autour de lui à 360°, y enregistrant le passage du temps durant un an soit pendant 4 saisons. C’est au total 220 dessins qu’il va réaliser, agrandir et assembler en fresque pour le Musée de L’Orangerie, installée non loin des Nymphéas de Monet.

Ce que j’ai réalisé, c’est de faire un tableau extrêmement vaste, sans perspective, parce que la perspective interromprait le temps.

À la manière d’un rouleau chinois, sa particularité narrative est de ne comporter aucune ombre, pour ne pas figer le temps dans l’espace. David Hockney s’en explique dans une interview pour France Culture :

« Tout est une abstraction quand elle est sur une surface plane. Ce que j’ai réalisé, c’est de faire un tableau extrêmement vaste, sans perspective, parce que la perspective interromprait le temps. Le temps coule, sans cesse. Le temps ne peut exister sans l’espace, et dans l’espace, tout bouge, c’est le grand mystère ».

Ce passage du temps et ce travail en flux ininterrompu est aussi l’histoire du regard d’un peintre de 83 ans qui a toujours choisi de vivre au présent : « J’ai eu la vie que je voulais avoir quand j’étais très jeune. Je pourrais juste dire que pour les 65 dernières années, j’ai fait ce que je voulais faire. Chaque jour de ma vie. Il n’y a pas beaucoup de gens qui puissent le dire, mais moi je peux. Mais je n’ai pas eu de famille. J’ai travaillé chaque jour. La plupart des bons artistes travaillent tous les jours ».

Danièle Pétrès

Pour aller plus loin : « David Hockney en pays d’Auge« , une chronique du critique d’art Jean Frémon qui a assisté à l’éclosion de ce projet et en a suivi toutes les étapes de 2018 à 2020.

L'arrivée du printemps en Normandie, David Hockney