Le temps des maisons / semaine 2 : Odile

En réponse à notre appel à écriture, «Les trésors enfouis de la maison», un texte et une photo d’Odile.

Une cage de verre. Une forme ovale. Un globe qui n’en est pas un. L’arrondi parfait, doux au toucher donne de la noblesse à cette forme fragile destinée à protéger une pendule de salon. Des pendules, il y en avait dans la maison de la grand-mère, mais sous cette cloche je n’en ai jamais vue. D’où vient-elle exactement ? Retrouvée dans cette armoire en deux parties, d’un côté la penderie et sa porte miroir dans laquelle mes cousines et moi faisions mille grimaces autrefois, de l’autre quatre étagères et quatre tiroirs, une armoire démodée, reléguée au grenier de la maison parentale, où j’entreposais des restes d’enfance.

C’est beau, c’est transparent, ce n’est rien. Et c’est encombrant.

C’est ancien, ça vient de…, ça ne se jette pas !  C’est embarrassant.

Que faire de cette cloche de verre à l’heure où je trie, je déblaie, me défais des scories du temps ? Posée provisoirement sur la cheminée, elle enserre le vide, confine le temps, ce temps étrange que nous vivons. La lumière joue sur le poli de sa surface, le décor alentour s’y dédouble déformé. Une fenêtre étirée, des silhouettes, formes éphémères  elles glissent sur le vide.

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