Véronique Maciejak a suivi l’atelier « Ecrire et illustrer pour la jeunesse », animé par Bénédicte de Soos début 2023. Ce mois de mars 2025 Hatier jeunesse publie ses deux premiers textes issus de sa collection La forêt des amis, pour les enfants de 3/7 ans. Nous lui avons demandé quel univers elle avait choisi et comment elle avait travaillé avec l’éditeur.
L’Inventoire : Quels sont les titres de vos deux livres et de quoi parlent-ils ?
Véronique Maciejak : Mes deux premiers albums s’intitulent Rémi le renard a peur de tout et Sam le sanglier se déguise en princesse. Chaque histoire met en scène un animal qui a une singularité faisant écho à ce que vivent les enfants au quotidien. Le livre sur Rémi explore la peur et la manière dont on peut apprendre à la surmonter. Sam le sanglier, lui, questionne les stéréotypes et l’importance d’oser être soi-même. Dans chaque histoire, un évènement pousse le personnage à chercher des solutions, offrant ainsi aux jeunes lecteurs des pistes concrètes pour apprivoiser leurs émotions et embrasser leur unicité. À travers cette collection, j’aborderai des sujets variés comme la colère, la jalousie, le mensonge, la timidité, l’hypersensibilité…
Comment est venue l’idée d’écrire une série ?
Pendant l’atelier, Bénédicte de Soos nous avait demandé de démarrer un projet, pour aborder concrètement la question de l’univers, la création des personnages, la structure narrative, etc. Dès le départ, j’ai eu envie d’écrire sur l’empathie et la tolérance, des valeurs qui me tiennent à cœur et que je défends déjà dans mes guides pratiques et mes romans pour adultes. Je voulais offrir aux enfants des clés pour mieux se comprendre et mieux comprendre les autres. Il me fallait donc une collection, avec une galerie de personnages, chacun incarnant un thème fort. Dans chaque histoire, on retrouve des personnages déjà introduits, mais aussi d’autres qui auront bientôt leur propre album, comme Blaise le Blaireau qui n’aime pas partager, Lionel le lièvre qui déteste perdre ou encore Violaine la vipère qui ment tout le temps….
Vous êtes coach parental et sophrologue, les thèmes de vos livres sont directement inspirés de votre travail….
Depuis plus de dix ans, j’accompagne les parents à travers mes conférences, ateliers et livres. Écrire pour les enfants a toujours été une évidence, il me fallait juste le bon moment. Pour moi, c’est une suite naturelle de mon travail. Dans La forêt des amis, chaque personnage a son tempérament, ses goûts, ses petites manies. Personne n’est parfait et c’est très bien comme ça ! L’objectif de cette collection est d’aider l’enfant à s’accepter et à se faire accepter tel qu’il est, à prendre confiance en lui et à développer son empathie et sa tolérance à l’égard des autres.
Aviez-vous des contacts dans l’édition jeunesse ?
Non, aucun. J’ai envoyé mes textes à plusieurs éditeurs. Certains ne m’ont jamais répondu. Mais assez vite Hatier s’est montré intéressé. L’envoi de ma fiche projet a été une petite aventure en soi ! Comme Bénédicte nous l’avait recommandé, j’avais mené mon enquête et trouvé, sur LinkedIn, le nom de la responsable éditoriale d’Hatier Jeunesse. Mais je n’avais pas son adresse mail… alors j’ai tenté toutes les combinaisons possibles : prénom.nom@, nom.prénom@, les mêmes sans points, etc. J’ai envoyé mes textes à toutes ces adresses, et l’une d’elles était la bonne ! Mon premier contact avec Hatier Jeunesse date de juin 2023, mais il a fallu attendre avril 2024 pour signer mon contrat. Il faut parfois savoir être patient.
Quel est le format de vos livres et combien ont-ils de pages ?
Ce sont des albums illustrés destinés aux enfants de 3 à 7 ans (voir plus !). Ils sont calibrés entre 5000 et 6000 signes, espaces compris. Chaque livre fait 32 pages au format 19X23 cm avec une reliure cartonnée. En plus de l’histoire, chaque album offre trois bonus : un QR code permettant d’écouter l’histoire, lue par moi-même, une page pour l’enfant avec des activités s’il se reconnaît dans le personnage et une page pour les parents, afin de les aider à accompagner leur enfant sur la thématique abordée.
Avez-vous eu votre mot à dire pour les illustrations ?
Oui, même si je n’ai jamais eu de contact direct avec l’illustratrice. Tout est toujours passé par l’éditeur. Hatier Jeunesse a vraiment impliqué mon regard dans le processus visuel, car il savait que j’avais créé un univers bien à moi pour cette collection. J’ai d’abord réalisé un mood board avec des formes, des couleurs… une ambiance graphique pour définir l’orientation visuelle du projet. Ensuite, Caroline Terral, responsable éditoriale, m’a proposé une liste d’illustrateurs et illustratrices, et j’ai eu un vrai coup de cœur pour le travail de Crescence Bouvarel. Caroline m’a ensuite demandé de détailler précisément à Crescence ce que j’imaginais pour chaque page. Ce fut un travail colossal, allant jusqu’aux expressions des visages, les postures des personnages… afin d’être au plus juste et de rester fidèle à l’essence des histoires.
L’atelier m’a permis de trouver ma voie. J’écrivais déjà pour les adultes, mais les règles ne sont pas du tout les mêmes en jeunesse.
Qu’est-ce que l’atelier « Ecrire et illustrer pour la jeunesse » vous a apporté ?
Un cadre structurant et une meilleure compréhension des codes de l’édition jeunesse. Je savais que je voulais écrire pour les enfants, mais je ne savais pas à quelle tranche d’âge m’adresser ni quel format proposer. L’atelier m’a permis de trouver ma voie. J’écrivais déjà pour les adultes, mais les règles ne sont pas du tout les mêmes en jeunesse. Le nombre de signes, la structure, le langage, le rythme… tout est adapté à l’âge du lecteur. C’est grâce à l’atelier que j’en ai pris pleinement conscience.
Qu’est-ce que vous avez surtout aimé dans l’atelier ?
Le fait de partir d’un projet et de le peaufiner grâce aux conseils et aux exercices d’écriture proposés par Bénédicte. Mais aussi les échanges entre les participants. J’ai adoré découvrir l’univers des autrices présentes : nous avions toutes des envies différentes, et c’était très enrichissant. J’ai également compris qu’en cas de manque d’inspiration, une simple image, un son ou un mot peuvent suffire à faire jaillir des idées. Et puis, Bénédicte nous a fait découvrir des collections, auteurs et des illustrateurs que je ne connaissais pas… et dont je suis maintenant fan !
Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
Mon principal projet est de poursuivre la collection La forêt des amis. Je suis arrivée chez Hatier Jeunesse avec une trentaine de personnages en tête… nous avons donc de quoi tenir encore un bon moment ! En parallèle à La forêt des amis, j’ai trois albums jeunesses indépendants déjà écrits ainsi que le premier texte d’une nouvelle idée de collection, toujours destinés aux 3-7 ans. Enfin, j’ai une grande envie d’écrire pour la presse jeunesse, un format qui me permettrait d’explorer encore d’autres manières d’aborder mes thématiques de prédilection. Quel que soit le projet, mon fil rouge reste le même : aider les enfants à grandir et s’épanouir dans un monde plus ouvert.
Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui veulent écrire pour les enfants ?
D’abord, lisez beaucoup de littérature jeunesse, que ce soient des albums, des romans ou des magazines. Explorez ce qui existe afin de comprendre les différents formats, d’affiner vos goûts et de voir ce qui vous parle le plus. Ensuite, écrivez régulièrement, même peu. Bénédicte nous conseillait d’écrire chaque jour. Je n’y arrive pas forcément encore, mais je pense quotidiennement à de nouvelles idées. Enfin, n’ayez pas peur de retravailler vos textes, encore et encore. Une bonne idée a parfois besoin d’être peaufinée pour trouver la meilleure forme et le bon rythme.
DR
Retrouvez le livre de Véronique Maciejak ici : https://www.editions-hatier.fr/collection/la-foret-des-amis
Bénédicte de Soos est journaliste, et auteur de livres jeunesse. Ses prochains ateliers d’écriture jeunesse auront lieu du 19 au 23 mai à Bordeaux « Ecrire et illustrer pour la jeunesse« .
Découvrez tous les stages qu’elle anime ici.