Découvert au rayon poésie de la librairie Les Nouveautés dans le 11ème à Paris, ce recueil à l’écriture tendue et acérée nous fait découvrir la maison d’édition Hourra, fondée en 2019. Des recueils aux couvertures de couleurs tendres pour des textes qui défendent « des pratiques d’écritures marginales où se rencontrent le poétique et le politique ». De jeunes auteurs à l’écriture musclée qui méritent d’être découverts sans tarder.
Roni Burger-Leenhardt est née en 1996 à Toulouse et vit à Marseille. Dans son recueil « Mise en alerte », c’est tout son corps qui s’alarme, s’arrête sur des histoires possibles encore entre Intercité, Paris et Lyon « Dans nos lèvres / les bagages s’abandonnent », quand surgissent des empêchements fatals à notre bon fonctionnement « ces écrans nous taisent »; tout se complique dans une vie béta-bloquée par les ronrons inessentiels d’un quotidien difficile à conquérir « iels pensaient pouvoir aller / au rivage /nous garderons la poussière / sur nos visages / leurs mélodies / un acouphène.
Il faut absolument lire ce petit volume au rythme insatiable qui nous réveille de la torpeur de lectures banales. Pour les romans on a du temps, pour la poésie c’est maintenant, dans cette « Mise en alerte ».
Roni Burger-Leenhardt est artiste, photographe et autrice, « elle propose un point de vue affranchi du male gaze en tant que personne queer. Sa réflexion politique imprègne son travail tant dans ses textes que dans les personnes et lieux qu’elle photographie » dit l’éditeur, et ça fait du bien aux yeux parce que les livres sont beaux, et à la tête, parce que ça remue notre intelligence ou ce qu’il en reste.
Extrait :
MISE EN ALERTE
les maux de tête
répercutent
il faut apprendre
à renvoyer les mots
après avoir passé notre temps
à se taire
à écraser les bords des phrases
à étouffer les terminaisons
nerveuses
uppercut
pas d’éclats de voix dans les chambres
la météo se charge de nous
dans les tours
je vois les nuages s’agripper à vos
visages
s’il y a des décalages entre chaque
battement
c’est que ton cœur va bien
si tes chevilles craquent encore
c’est que tes jambes marchent
Danièle Pétrès