Valérie Kittler : « Le fragment s’inscrit dans une rupture de rythme »

Valérie Kittler animera à distance du 12 au 27 septembre : « Fragments autobiographiques. Initiation ». Mais quel est ce nouveau genre littéraire qui s’impose chaque un peu plus ? 

L’Inventoire : Qu’est-ce qu’un « fragment autobiographique » ?

Valérie Kittler : Un texte court, dense, qui met en lumière un instantané de vie à la façon d’un instantané photo. Un texte qui peut se suffire à lui-même, qui est porteur de sens dans sa singularité.

« Le fragment est un genre à la croisée des genres ».

Quelle est la différence entre prose romanesque et fragment, la parole poétique en prose ?

Avec la prose romanesque on est dans une narration qui se voudrait exhaustive ou dans une forme de linéarité, quand le fragment, lui, est parcellaire et s’inscrit dans une rupture de rythme.

Quant à la parole poétique elle me semble relever plus d’un style, d’une voix que d’une forme, le fragment peut donc être écrit avec une voix poétique comme adopter le ton d’une chronique, par exemple. On peut donc dire que le fragment est un genre à la croisée des genres.

Pouvez-vous nous citer un ou deux livres qui représentent ce genre pour vous ?

Ils sont nombreux mais « Dressing » de Jane Sautière et « Mon grand-père » de Valérie Mréjen me semblent de bons exemples car c’est une forme d’écriture que l’on retrouve dans l’ensemble de l’œuvre de ces deux autrices.

Comment arriver à transmettre cet art ciselé d’une écriture minimaliste ?

Il va s’agir de faire des choix, ne pas tout dire, pratiquer l’ellipse, épurer son écriture pour n’en garder que la « substantifique moelle », c’est-à-dire l’émotion ressentie par l’auteur, celle qu’il veut transmettre au lecteur, dépouillée de tout ce qui ne va pas la servir.

Ce stage est une ouverture vers le stage « Ecrire un recueil de fragments autobiographiques ». Est-ce l’occasion de trouver des pistes vers une transposition de sa propre histoire en fragments ordonnés ?

Une transposition de sa propre histoire certainement, l’idée étant que l’ensemble des fragments permette de dessiner en filigrane le portrait d’une personne, un portrait sous forme de mosaïque.

Ordonnés, pas nécessairement, comme l’écrit Sylvie Germain dans  « Magnus » :

« Tant pis pour le désordre, la chronologie d’une vie humaine n’est jamais aussi linéaire qu’on le croit […] Les mots d’un livre ne forment pas davantage un bloc que les jours d’une vie humaine […] ».

 DP

Journaliste devenue enseignante en école primaire puis formatrice pour enseignants, Valérie Kittler anime depuis septembre 2018 des ateliers d’écriture chez Aleph-Écriture.

Cette formation sera animée un peu plus tard à Paris en présentiez par Aline Barbier du 25 au 27 octobre.