Des livres à offrir pour Noël : les recommandations de Michèle Cléach

Les animateurs d’Aleph-écriture vous proposent tout le mois de décembre leurs choix de livres à offrir pendant les fêtes. Aujourd’hui, les conseils de Michèle Cléach !

À tous ceux qui portent l’absence en bandoulière, qui sont à court de mots pour dire la peine et le chagrin de la perte, j’offrirai « L’hirondelle rouge » de Jean-Michel Maulpoix (Mercure de France, janvier 2017), qui égrène les mots et assemble les phrases en de courts fragments poétiques :

« mais je n’ai à présent d’autre choix que d’écrire… Offrir à l’absence un bouquet de fleurs d’encre : ces proses, la voix qui m’est propre, rien de plus ».

 

 

À ceux qui ont tant aimé, qui aiment tant arpenter les rues de Manhattan et de ses boroughs, à ceux qui rêvent de les arpenter, à ceux qui aiment marcher dans toutes les villes du monde,

j’offrirai « La femme à part » de Viviane Gornick (Rivages 2018):

« Nous arpentons depuis toujours les rues des capitales mondiales, nous autres comédiens, employés, criminels ; dissidents, fuyards, réfugiés ; gays du Nebraska, intellectuels polonais, Femme au bord du temps. La moitié d’entre nous sera emportée par les paillettes et le crime – disparaîtra dans Wall Street ou une cachette du Queens -, mais l’autre deviendra ce que je suis : une marcheuse de la ville qui nourrit le courant perpétuel de cette foule perpétuelle imprégnant la créativité.

Et à celle qui accumule dans ses tiroirs scènes et portraits, fragments de vie saisis sur le vif, j’offrirai aussi La femme à part en espérant qu’elle se laisse emporter par sa lecture et ne prenne conscience qu’une fois le livre refermé qu’il n’est fait que de fragments subtilement assemblés.

 

À ceux qui ne descendent jamais de leur Olympe, qui ne se départissent jamais de leur superbe,

j’offrirai « Qui a tué mon père », Edouard Louis, Editions du Seuil 2018

Que chaque matin avant de prendre « au nom du peuple » une décision, ils le lisent et le relisent, pour enfin toucher du doigt ce qu’ils persistent à ignorer : «L’histoire qu’on enseignait à l’école n’était pas ton histoire à toi. On nous apprenait l’histoire et tu étais tenu à l’écart du monde… L’histoire de ta souffrance porte des noms. L’histoire de ta vie est l’histoire de ces personnes qui se sont succédé pour t’abattre. L’histoire de ton corps est l’histoire de ces noms qui se sont succédé pour le détruire. L’histoire de ton corps accuse l’histoire politique. »

 

À celui qui rêve de paysages et de grands espaces

où « la neige montre les dents », qui aime que la tension s’installe dès les premières pages, que le mystère entoure les personnages, que l’atmosphère ait un air de fin du monde, et qu’à la fin du livre, l’auteur lui laisse écrire la suite, j’offrirai « Le poids de la neige » de Christian Guay-Poliquin (Les éditions de l’Observatoire 2018).

 

Michèle Cléach

Copyright Photo de couverture: D. Pétrès

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