Vos textes à partir de « Je, d’un accident ou d’amour » (1/2)

Pour la rentrée de l’Inventoire, Hélène Massip vous a proposé d’écrire à partir de Je, d’un accident ou d’amour de Loïc Demey (Cheyne Editeur, 2014). Nous avons reçu de nombreux textes, parmi lesquels il a été difficile d’en choisir 11. Nous les publions en deux posts différents, afin de leur donner l’espace dont ils ont besoin pour être lus en toute sérénité.

 

Anne Coquet

 


Stéphanie Jarnet

Un et un font un

 

Hier vide : vide de tout, rempli de rien.

Aujourd’hui comblé : corps et esprit remplis de toi.

Insatiables de toi

Danse au rythme saccadé, ne plus pouvoir ne pas vouloir se détacher.

Mains dans les mains. Yeux dans les yeux

Toi et moi : nous. Tu et je : nous

Nous n’est qu’un

Un précieux. Un éphémère ?

Mon esprit m’échappe

Mes lèvres réclament ta bouche, ne se rassasient pas

Nos corps allongés sont déhanchements

Tour à tour slow, valse, tango, rock’n roll

Le nous sans parole

Le nous se dévore des yeux

Le nous prend feu s’agite

Le nous se devine et se trouve

Le nous … parenthèse… qui se fermera ? Le nous points de suspension ? Le nous sans point final

Pourtant hier

C’était je

C’était tu

Je dans mes pensées obscures

Je qui t’ai refusé la priorité

Mon pare choc avant fracassant le tien. Arrêt sur image. Nos regards se croisant

Je abasourdie

Tu chamboulé, percuté. Tes yeux plongés dans les miens.

Tu prévenant malgré tout. Tes yeux

Tu non agressif. Ta bouche … si douce.

Tu et je  devant un café. Ta bouche

Tu et je constat. Tes mains essuient le mascara coulé sur mes joues.

Tu et je aimantés. Ton corps en corps et en corps

S.J.

 


Cécile Quiniou

Des mots, pourquoi ?

 

Mes yeux voient,

ma bouche rien.

Ne sort de là,

c’est sans mot, c’est matière, c’est couleur, c’est chaleur

du dedans,

c’est froid dehors

diffuse partout la chair.

respire à coups

à naître une deuxième fois.

Et toi, tu regardes le sol, juste le sol.

Ne les vois pas.

Étoiles dans ma tête

exploser le vide, strier le silence

froissement d’aile

tous ces oiseaux

ciel de plomb.

Quelque chose arrive, le sens,

grand, immense, tout chavirer.

Toi, tu remues le sable, tu creuses des trous.

Fermée ma voix,

langage

trouble du silence

histoire sans mot

vit dans mon ventre,

bouge et  remue tant

ma peau tendue sur l’attente qui craque

qui craque

veut sortir, veut savoir

le noir, le blanc

couleurs

ma joie, enfant

comme marcher dans la neige

comme oublier le temps

pas connaître

être là

longtemps

taire les mots

pourquoi ?

Tentent d’approcher

ne peuvent rien contre la vie qui vient

Toi me regardes

trop tard

me dis

« qu’est-ce qu’il y a ? »

réponds : «c’est rien ».

C’est seule, c’est personne

delà de toi, delà de moi, de tout,

vient de nous,

entendre sa voix.

Petit encore

pas encore là

poses ta main sur mon ventre

mystère sans fin.

L’eau pas loin

à flotter le temps

songer ce qui n’est pas

ressac à marée

la mer loin

pas penser

exister à vivre

seulement.

C.Q.

 


Jocelyne Chaillou-Dubly

Une pierre de travers

 

Je m’encailloute, genou cramoisi

 

Je cherche Pierre

Pierre l’intrépide. A peine sait-il marcher qu’il court !

 

Je crie, je hurle : « Pierre »

L’eau du canal coule à flot

« Pierre !

Pierre !

Pierre ! »

Je fixette les aigus

Oh Non ! Pas le canal !

Je m’encanale, bascule, m’embranche, me démence.

 

« Pierre !

Pierre

Pierre !

Crapoussin, attends que je t’épingle !

Je ne te laisserai plus. Tu auras la laisse du chien… crapule… brigand … »

 

Je caboche et l’embrigade

Je l’épreuve et l’enfarouche…

Oh, non ! Pas le canal !

J’obscessionne

J’agrafe le bord

Vacille du bout des doigts

Je méfiance, chasuble et bastingue

NON ! Pas le canal !

 

Gouffre de silence dans mes artères céramique

Pierre est là tout enfeuillé, bloqué, engrillagé

Je vocifère des ordures

Bazar de syllabes

Je charogne

 

Pierre fracassé, tête en sac

Je l’épaule

Crâne cramoisi

« Crache fils, crache l’eau »

Je crabache pour rien

Qu’un fétu de corps

Foutue

Foutre vie

J.CD

 


Fanny Bouyon

Ascenseur yo-yo

 

L’iris de tes yeux flèche la fleur de mon regard

D’un battement de cils, je ballon au coeur des barbapapa célestes

Tu me pomme d’amour dans cet univers xylophone

Et on baba-arôme dans nos ébats-bonbons

Venue la voici du papillon des mots-son et du soleil.

Tu invisible et je te quête dans les pensées-doudou de mon jardin-coccinelle

Puis à mon tour je disparition avec sur ma chasse au trésor quelques indices sucrés.

Cache-cache malicieux de ton petit toi avec mon petit moi

Nos deux enfants intérieurs se miroir sous le jaune clignotant.

Dans la cours des merveilles ou pays des miracles,

Tu jeu avec mon tutu et moi jeu avec tu, ingénue et pleine de fées

Des fois tu tricherie, des fois pas.

Parfait aussi ta réalité différence l’âme-hyène

Mais je nénuphar et tu acceptation pas à pas

Tel que tu haie et tel que je hêtre, respectueux aimants

Et nous apprentissage l’Inde l’autre

Toi aime moi, moi nous toi, chats d’or siamois

Inséparablement compagnons de voyage

Regard l’oiseau la si sol bobo pestacle

Dépose pétales de rose dorés sur petite bosse qui fait dodo

Eva naissance fa mi ré do

Sur le radeau d’émoi qui passe

Étoile déjà gaga d’être papa

Et nous si enchantés à dos de dromadaire

Sablier, pour bientôt !

F.B.

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