Vos textes: « Le désordre Azerty » d’Eric Chevillard par Claire Le Goff

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Cette semaine, le texte de Claire Le Goff à partir de l’appel à écriture de Françoise Khoury issue du livre d’Eric Chevillard, « Le désordre Azerty »  (Minuit, 2014).

Azerty

Si tu frisotais la boulgure de mes centigrades, je suis sûre, Argile, que tu ne me lapaperdrais pas comme ça, en pleine frouille, sous cette darine battante, sans palise ni chaumine à mes pauvres petits pieds. Je n’ai cessé de te garier et de te roupouailler comme je te bachite, comme tu es pour moi le fragru idéal, sans lequel je ne peux liboner. Pense à notre petit loupiot-piot qui dort de son sageon de frige dans sa chambrette carinée, loupiot-piot innocent et manouleau. Je sais toute la charipette que je t’ai causée. Je ne suis pas exempte. Toujours à ricarder, miroiter de droite et de gauche, à esgourdir les cancanailleries de tous ces malotrus, bovariser deci delà, comme un pot creux toujours, sur mes guiboles encollantées, talons jupette dans les ruelles, à soupirer au moindre bouc, batifoler des cils épais, légère et bête à ricaner! Tandis que toi, géantil, tu croupis sur la carpette, pâtissant que ça se tasse, crépitant près du foyer, triste et pauvret à en pleurer. Quelle goujure! Quelle gourgandise! Comment tarir? Comme je tremblote! Frouille et darine à mes menottes. Il fait frisquet devant la perte.

Ô mon Argile! Lubrion de mes nuits, crapeton de mes jours, toi dont la seule practille suffit à me loujer, toi dont je bachite la droulette et la bonnerigogère, toi qui fais vibrer mon corassone, rejole-moi avec toi. Ouvre-moi l’algarime de notre bicoquette, fais-moi une place dans ton sageur, et bachite-moi encore!

Claire Le Goff

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