Après une école de scénario, Indiana Loessin est devenue consultante pour la télévision et le cinéma et a participé à l’écriture de long-métrages et de séries humoristiques. Elle animera pour Aleph, un stage d’initiation au scénario du 7 au 11 juillet à Paris.
L’Inventoire : écrire un scénario c’est souvent simplifier les dialogues qui contiennent souvent plus de silence que de mots. Comment apprendre à simplifier ?
Indiana Loessin : Une des premières choses que je fais en atelier, c’est montrer une courte scène de série et demander à chacun de l’écrire comme s’il en était le scénariste. Que faut-il garder de la profusion de détails qu’on voit à l’écran ? Les participants, pour certains rodés aux ateliers littéraires, découvrent un nouveau langage : précis, efficace, rarement littéraire – et souvent fastidieux à lire !
Le challenge du scénario est de coucher sur le papier une version préliminaire de ce qui n’existera pour de bon qu’à l’image et au son. Comment révéler ce que le personnage pense ou ressent, s’il ne le dit pas dans une ligne de dialogue, s’il n’y a pas de voix-off ? La fameuse règle du « Show don’t tell », qui préfère montrer à raconter. C’est un nouveau défi pour les habitués des ateliers d’écriture, qu’ils relèvent en général avec enthousiasme !
Apprendra-t-on dans votre stage à créer une arche narrative ?
Le stage ouvre avec un tour de table en forme de jeu qui permet à chaque participant d’approcher les principaux enjeux de l’écriture cinématographique « sans s’en rendre compte ». Ce jeu permet à chacun de poser les bases pour l’écriture d’un film, qu’il soit court ou long, documentaire ou de fiction, intime ou de genre. La suite sera consacrée à trouver peu à peu le film, en alternant des moments consacrés à la construction de l’ensemble (le synopsis) et à l’écriture des fragments (les scènes), des temps d’écriture individuelle et des échanges entre les écrivants.
J’attends toujours les derniers jours pour aborder des notions de structure. Souvent, quand on découvre des modèles structurels, on croit tenir la solution toute faite pour développer son intrigue. Mais celle-ci découle d’abord des protagonistes, de leur caractérisation et de là où on veut les amener. C’est organique, à mi-chemin entre l’intention de l’auteur et la logique propre à ses personnages. C’est la même chose en littérature.
Que vous apporte dans votre pratique de formatrice votre expérience de la troupe et des spectacles que vous créez ?
Le sens de la création en équipe et de l’improvisation. Ainsi qu’une réflexion sur le personnage.
Avant de travailler une scène au théâtre, je propose aux comédiens de se baser sur le texte de la pièce, mais aussi sur leur propre imagination, pour raconter ce qui est arrivé à leurs personnages avant, dans quel état émotionnel ils entrent en scène, avec quelles motivations. Je pose des questions précises, sur des points de détail, pour que cela devienne concret, incarné. C’est l’élaboration de la « backstory », l’histoire antérieure au récit, fondamentale pour écrire comme pour jouer de manière crédible. Simplement, le comédien fait le travail inverse de l’auteur, traquant dans le texte les indices que ce dernier a disséminés du puzzle que représente le personnage.
Merci Indiana !

Indiana Loessin est diplômée en lettres modernes et en documentation, elle rêvait d’écrire ses propres livres en rangeant ceux des autres. Passionnée de théâtre, elle a fondé la Compagnie de l’oiseau rare, une troupe rassemblant comédiens amateurs et professionnels. Après une école de scénario, elle est devenue consultante pour la télévision et le cinéma et a participé à l’écriture d’un long-métrage et deux séries humoristiques. Son prochain stage d’Initiation à l’écriture de séries audiovisuelles débute le 7 juillet 2025.