Écrire à partir d’ « Une femme en contre-jour » de Gaëlle Josse

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Cette semaine, Arlette Mondon-Neycensas vous propose d’écrire à partir d’ ”Une femme en contre-jour » (Éditions Noir sur blanc/Notabilia, 2019), et de photos de Vivian Maier, sur la thématique, que voit-on vu de dos ? 

Une femme en contre-jour écrit par Gaëlle Josse en 2017 (paru en 2019) n’est pas tout a fait un roman, ni la biographie d’une femme photographe, Vivian Maier, née en 1929 à New-York et décédée en 2009 à Chicago. C’est l’histoire d’une femme dont Gaëlle Josse raconte « la vie d’une invisible, d’une effacée, d’une nurse, une bonne d’enfants, une photographe de génie… »

La découverte de Vivian Maier

Vivian Maier est une  franco-américaine qui a vécu essentiellement aux Etats-Unis, sa  vie a été entrecoupée de voyages lointains et de quelques séjours en France, dans les Alpes de Haute Provence où vit la famille de sa mère.

Comme autrefois on plongeait les photos dans un bain de révélateur, Vivian Maier a été révélée, au hasard de la vente publique de ses photos et négatifs par trois acquéreurs. L’un d’eux, John Maloof, cherchait des photos pour illustrer un livre sur un quartier de Chicago. Il a été fort déçu en découvrant des milliers de photos et de négatifs, qui ne correspondaient en rien à ses souhaits. Toutefois, intrigué par cette quantité de négatifs en sa possession et néophyte en matière d’art photographique, il lance une série de photos sur internet, les retours sont enthousiastes. À partir de là une autre aventure commence : retrouver les traces de la photographe et faire reconnaître l’oeuvre de Vivian Maier par le monde de la photographie.

C’est grâce à sa rencontre que les trois frères Gunsberg dont Vivian Maier a été la nurse et aux témoignages des enfants dont elle s’est occupée, que Gaëlle Josse fait connaître grâce à l’écriture, le visage de cette femme cachée derrière son appareil photo. Un personnage aux visages multiples dont les frères Gunsberg gardent le souvenir d’une femme attentive, inventive et qui a éclairé leur enfance. Alors que d’autres gardent celui d’une femme terrifiante, fantasque, peu aimable…

Une femme en contre-jour est son histoire faite d’ombre et de lumière. Elle nous a laissé les traces de son regard sur le monde, l’humanité… Peut-être ce qui est le plus proche de sa vérité.

Extrait 

Elle travaille sa technique photographique. Visite des expositions, achète des livres, des magazines… Vivian Maier trouve là le centre de sa vie. Elle sait ce qu’elle veut. Ce sont les prémices d’une œuvre d’une grande unité, traversée d’obsessions, comme celle de tous les grands artistes. Rien de hasardeux, de décousu. En 1952, le MoMA organise une exposition de cinq grands photographes français, Brassaï, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Izis, et Willy Ronis. Impossible d’imaginer que Vivian l’ait manquée. Il lui reste à poursuivre ce travail pendant des décennies. Un travail dont personne ne verra les fruits, dont on ne soupçonnera pas même l’existence, et dont elle même ne verra que bien peu de chose.

Proposition d’écriture 

On pourrait ajouter à cette liste de photographes cités par Gaëlle Josse : Edouard Boubat, inscrit dans la lignée de ces photographes humanistes dont Michel Tournier a composé un livre à partir des clichés, intitulé : Vues de dos. Lauteur a accompagné ses photos de personnages vus de dos avec l’idée que : L’homme et la femme composent leur visage, disposent leurs mains, jouent du geste et du pas. Tout est dans la façade. Mais l’envers ? Mais l’arrière ? Mais le dos ? Le dos ne sait mentir…

Je vous propose de choisir une photo prise par Viviane Maier dans la série de clichés ci-dessous. Vous remarquerez que tous les personnages sont pris de dos. Choisissez-en un. Je vous invite à écrire sur ce personnage. Qu’imaginez vous de lui ? Laissez aller votre regard et votre écriture au delà du cadre de l’image, cherchez l’invisible, ce qui est caché.

Regardez ce personnage et interrogez-le, comme le fait Michel Tournier en posant une question que vous pouvez répéter autant de fois que vous le souhaitez pour écrire un texte poétique dans lequel vous utiliserez :

Pourquoi faut-il ?

À qui pense t-il ?

Que regarde il ?

Dis moi… ?

Ou tout autre question que convoque chez vous une de ces photographies.

Vous nous direz en fin de texte (à part) quelle image parmi les 8 disséminées dans l’article, vous avez choisie…

 

 

 

 

 

 

 

Arlette Mondon-Neycensas a travaillé dans le champ médico-social et a animé des ateliers d’écriture auprès d’adolescents en rupture sociale. 

Elle conduit à Aleph des ateliers par e-mail, en présentiel, des Ateliers Ouverts en librairie à Bordeaux. Elle animera du 7 au 11 mars 2022 le stage : »Ecrire des nouvelles à l’Abbaye de Cadouin » (Périgord).