Elisabeth Taisne en résidence au Moulin d’Andé : « écrire une suite de fragments »

« J’écris sur ma vie » est un cycle d’écriture conçu par Aleph-Écriture, en partenariat avec La Croix et Le Pèlerin. Nous avons rencontré Elisabeth Taisne, qui a séjourné au Moulin d’Andé l’an passé en tant que participante de l’atelier « Les mots et les objets de ma vie » avec Anne Baatard, afin qu’elle nous dise ce que lui a apporté cette expérience. Le prochain atelier dans ce lieu sur la thématique se déroulera du 19 au 22 mai 2024 autour de l’écriture de l« Enfance« .

L’Inventoire : Pourquoi avoir choisi de suivre un stage en « résidentiel », loin de votre quotidien ?

Elisabeth Taisne : Une armée de petits enfants attend de pied ferme les anecdotes qui ont émaillé la vie de « Moune »… et c’est ainsi que le jour de mes 80 ans j’ai reçu ce cadeau : « un séjour en écriture ».

Pour quelle raison avez-vous eu envie de faire un stage d’écriture sur cette thématique ?

J’ai choisi Aleph connaissant le professionnalisme et la bienveillance des « éveilleurs d’écriture » qui accompagnent les stages.

La thématique proposée me permettait d’envisager un récit de vie non comme un ennuyeux « ma vie/mon oeuvre » mais comme une suite de fragments, autant de petites nouvelles piquantes ou tendres.

Ce stage vous a-t-il permis d’avancer dans votre projet d’écriture ?

Sollicitées, guidées, l’imagination et la main se mettent au travail. Les lectures partagées permettent d’affiner et de simplifier l’expression : un vrai travail de relecture. Dans une démarche confiante et d ‘attention aux autres.

Le moulin et sa roue disent le temps qui passe et les mots au fil de l’eau deviennent notre écriture.

Les propositions d’écriture sont-elles utiles pour aller sur des chemins auxquels on n’a pas pensé seul ?

Chaque proposition d’écriture ouvre une fenêtre, propose un angle nouveau, une posture insolite.

Que de sentiers nouveaux pour tenter l’aventure de l’écrit ! Et les sentiers du Moulin d’Andé ajoutent une note magique et inspirante. Les prémices de l’automne fardent les lieux d’ocre et de pourpre, le moulin et sa roue disent le temps qui passe et les mots au fil de l’eau deviennent notre écriture.

Depuis lors, avez-vous poursuivi votre projet une fois rentrée à la maison ?

Le départ se teinte de regrets, mais la boîte à outils enfouie entre les pages noircies rassure.

C’est un plumier d’idées à picorer au quotidien/plumes précieuses dans l’encrier du souvenir elles tendent sur le papier le fil de notre histoire.

Elisabeth Taisne a bien voulu nous confier un des textes écrits dans le cadre de ce séjour d’écriture, autour du thème « les mots et les objets de ma vie ».

Trois par quatre

Devenir une ligne sur une liste « la table en verre »  s’insurge.

… lui avoir donné un titre « couple-héritage », c’est réducteur, vraiment pas terrible.

… à elle, à elle qui est une histoire d’amour.

… l’histoire de trois fleurs en bronze, trois fleurs qui soutiennent un épais verre biseauté.

… trois à avoir séduit toutes feuilles dehors, un jeune couple curieux d’art se promenant dans des jardins d’artistes.

Miracle de fonds de tiroirs et de la gymnastique des fins de mois pâtes-pommes de terre… elle atterrit dans leur salon au 8ème étage d’une tour de banlieue.

Les années passent, le verre se raye, un peu, beaucoup : apéritifs entre amis et jeux de quatre petits nouveaux qui signent leur passage…

Mais

Les fleurs n’ont rien perdu de leur magie et quatre enfants disant dans le désordre des fins de soirées : – Je l’aime

Alors ?

Alors comment transmettre une histoire d’amour sans blesser les fruits de cet amour ?

Elisabeth Taisne