« Faire écrire le grand âge », Anne-Françoise Derly, participante de cette formation, nous en parle

Emmanuelle Pavon-Dufaure animera le week-end du 20 et 21 janvier 2024 à Paris « Faire écrire le grand âge ». Un stage destiné aux biographes, et aux animateurs d’ateliers qui souhaitent renforcer leurs appuis pour intervenir auprès de ce public spécifique. Nous avons rencontré Anne-Françoise Derly, qui a participé à la précédente formation, et qui nous en parle ici.

L’Inventoire : Comment avez-vous connu cette nouvelle formation d’Aleph ?

Anne-Françoise Derly : Je suis abonnée à L’Inventoire et, depuis que je me suis formée à l’écriture biographique chez Alpeh Écriture (dans le cadre de la formation de biographe en 2018-2019)

je me rends également assez souvent sur le site d’Aleph pour découvrir la programmation d’ateliers. J’avais préalablement entendu parler des stages d’Emmanuelle Pavon-Dufaure par une connaissance qui avait suivi sa formation à l’animation d’un atelier littéraire, en visio.

Aviez-vous déjà animé des stages avec un public résidant en EHPAD ?

J’ai animé des « ateliers d’écriture », non pas en EHPAD, mais dans une résidence « seniors », c’est-à-dire pour des personnes qui peuvent être dans le grand-âge, mais n’ont pas un état de santé ou de dépendance qui nécessite qu’elles vivent en institution médicalisée.

« La fragilité et le questionnement existentiel des patients impliquent de s’emparer d’une posture similaire : souplesse et délicatesse, positionnement éthique, connaissance du vécu de ce public ».

Je réalise également des biographies hospitalières à l’hôpital pour des personnes gravement malades et plus particulièrement en fin de vie, dans une unité de soins palliatifs. Dans ce lieu, ne s’agit pas uniquement de personnes âgées ; en revanche, la fragilité et le questionnement existentiel des patients sont assez proches de ceux rencontrés chez les personnes dans le grand-âge… et impliquent de s’emparer d’une posture similaire : souplesse et délicatesse, positionnement éthique, connaissance du vécu de ce public.

Les consignes d’écriture vous ont-elles surpris, par exemple y a-t-il des dispositifs adaptés à un public dont la lenteur et le défaut d’attention est à prendre en compte ?

Tous les dispositifs d’écriture dont il a été question durant ce stage étaient pensés et adaptés prioritairement au public typique des EHPAD, c’est-à-dire des personnes âgées, potentiellement diminuées physiquement (handicap moteur, impossibilité d’écrire à la main) ou atteintes de troubles mnésiques et cognitifs dus au vieillissement ou à des pathologies plus lourdes (début de démences, maladies neurodégénératives, etc.). Les dispositifs du stage étaient également conçus pour prendre en compte les besoins spécifiques de ce public : besoin de socialisation, plaisirs de la remémoration, intérêts particuliers à cet âge de la vie…

Peut-on rire en EHPAD ?

Bien sûr ! On peut même attraper des fous rires, et pleurer aussi.

On y rencontre des résidents qui ont souvent été déracinés de leur lieu de vie par nécessité, leur état de santé ne leur permettant plus de vivre sans assistance. Les pertes, l’avancée en âge, la fin de vie qui se profile, la vie quotidienne en collectivité exacerbent les émotions. Toute la palette de la vie émotionnelle est précieuse pour animer ces ateliers.

L’art thérapie a été une grande découverte

Qu’est-ce qui vous a été le plus utile dans cette formation ?

L’approche de ce public par les outils et la « philosophie » de l’art thérapie a été une grande découverte pour moi et un socle pour concevoir des ateliers spécifiques à ce public âgé et vulnérable. Je connaissais le principe des ateliers d’écriture, mais me sentais démunie pour en transposer le modèle à destination d’un public très âgé. J’ai donc découvert qu’il ne s’agissait pas d’adapter les outils de l’atelier d’écriture traditionnel, mais d’aborder le « faire écrire », versus « faire s’exprimer », par d’autres dispositifs, essentiellement ceux de « l’imaginaire » en allant solliciter la « personne créatrice » chez chacun des participants que l’on accueille en atelier.

C’est par les mediums écriture et lecture que l’on va réveiller cette dimension créatrice chez les personnes âgées. À travers une mise en situation, de nombreux conseils et toute une valise d’objets tactiles, sonores, visuels, tous éveilleurs de mémoire, Emmanuelle Pavon-Dufaure nous met en position d’expérimenter le déroulement d’un atelier d’écriture « grand-âge » tel qu’elle en conçoit, puis nous guide pour créer nos propres propositions.
Je suis repartie de ces deux journées avec une première séance d’animation toute prête, et de nombreuses idées grâce aux partages féconds avec le groupe. Une révélation et un vrai plaisir car j’aime tout particulièrement la puissance de cette approche.

Merci Anne-Françoise