De la poésie et des délices du Haïku, par Anne Baatard

Le haïku, ce poème minuscule, évoque selon Roland Barthes « comme une vibration du monde » ! Anne Baatard vous propose lors d’un stage « Délices du haïku » (via Teams) du 2 au 5 mai 2023.

L’Inventoire : Qu’est-ce qu’un Haïku ?

Anne Baatard : Un poème minuscule ! Initialement 3 vers, 17 syllabes, 8 à 15 mots. Selon Roland Barthes, il provoquerait chez le lecteur un « petit incendie mental ».

Pourquoi un incendie ?

Une étincelle en tous cas. Il traduit l’instant, l’intensité, la brièveté et donne à éprouver un monde où rien n’est figé. Barthes évoque aussi le haïku comme « une vibration du monde ».

Quel est l’origine du haïku ?

Cette forme poétique s’est développée au Japon aux XVIIe et XVIIIe siècles. De ces origines japonaises, le haïku garde, entre autres, le désir de respirer la légèreté (Karumi) et de manifester sa sympathie pour le monde (Shiori).

Pouvez-vous nous citer un haïdjin ou haïkiste moderne, américain par exemple ?

Dans les années 60, Jack Kerouac, plus connu pour Sur la route, déclare inventer « le genre du haïku américain », « une phrase courte et douce avec un saut de pensée soudain ». Il en écrira tout un recueil, Le livre des haïkus, en toute simplicité. On peut aussi citer La grande énigme du poète suédois Tomas Tranströmer. Sans oublier les nombreuses publications sur les réseaux.

Le genre du haïku américain : une phrase courte et douce avec un saut de pensée soudain

Le haïku permet-il de renouveler son approche de la poésie ou de la prose ?

Le haïku est dépourvu d’artifice, il cherche le mot, l’image et le son justes, il s’appuie sur la respiration et se lit d’un souffle, comme un poème d’un seul vers, avec un temps de pause (la césure) pour ne pas mourir étouffé ! Il développe notre attention au monde et au langage, il peut se pratiquer au quotidien et dans toutes les langues.

Un haïku pour la route ?

Un haïku de sortie de confinement alors :

Je suis tellement énervé

Que je pourrais mordre

Le sommet des montagnes

(Jack Kerouac).

DP

Anne Baatard anime le stage « Délices du Haïku »
(via Teams).
« J’aime : Modiano, Cendrars, Apollinaire, Robert Walser, Murakami, la littérature scandinave… J’aime l’Oulipo et tous les textes qui me font rire ; la voix, la danse, les carnets de voyage et faire feu de tout bois pour écrire. Je n’aimerais pas : ne plus rien découvrir, mais ça n’arrivera pas.
Invitée tôt à la lecture et à l’écriture – une chance que j’aime avant tout partager – j’ai pu explorer et transmettre ma curiosité de la littérature dans mon métier de libraire. Animer des ateliers, pour moi, c’est le plaisir d’accompagner l’affirmation du désir qui fonde toute écriture.