« La Furieuse, rives et dérives », Michèle Lesbre (éditions Sabine Wespieser)

Retrouvez cet été les recommandations de lecture des animateurs-formateurs d’Aleph-Écriture. Chaque article débute par la première phrase d’un roman, recueil poétique ou texte court à savourer. Aujourd’hui, le conseil de lecture de Michèle Cléach.

DANS MES NUITS INQUIETES, parfois, surgit l’étang et son beau silence que seules les grenouilles troublaient.

« La Furieuse, rives et dérives » de Michèle Lesbre (éditions Sabine Wespieser)

C’est un récit, qui, de la Loire, fleuve de l’enfance de la narratrice : « depuis ma naissance, la Loire coule en moi », en passant par le Danube, le Pô, la Neva,  la Vltava, la Marne, la Seine, la Tisza « la cruelle Tisza, dont les débordements sont comme des chagrins, ceux de la vie inquiète des hommes » et d’autres encore, nous entraîne de rives en dérives, jusqu’à la Furieuse, « que je ne connais pas et qui m’attire depuis que j’ai entendu son nom, un rendez-vous qui vient de loin peut-être », affluent de La Loue, qui coule au pays de Courbet, et vers laquelle tend le récit. Et au cœur du récit, la figure tutélaire du Grand-père Léon et celle de sa femme Mathilde, nous ramènent régulièrement dans « cette modeste campagne qui n’existe plus, avalée par la mécanique implacable du progrès » mais dont la narratrice s’emploie à garder vivant le souvenir.

J’ai choisi ce livre, pour l’écriture sensible de Michèle Lesbre, sa langue poétique qui, par associations, nous entraine de rives en dérives, nous fait traverser nombre de paysages dans lesquels on aurait envie de se couler, de les découvrir ou les redécouvrir ; pour son art de réveiller nos propres souvenirs ; d’évoquer  livres et auteur.es qui, eux-mêmes, ont inscrits tout ou partie de leur œuvre dans ces paysages traversés par des fleuves, des rivières ou des ruisseaux ; pour l’envie de les lire ou de les relire : Michèle Desbordes, Claudio Magris, Paolo Rumiz, Esther Kinski … ; pour sa façon, légère, de mêler hier et aujourd’hui, littérature, géographie et histoire intime.

ET enfin, j’ai aussi choisi ce livre pour son titre. La Furieuse, n’est-ce pas un nom à porter haut par les temps qui courent ?

M.C.

Michèle Cléach conçoit et anime des ateliers et des formations dans le champ (auto)biographique.
Elle est co-auteure, avec Delphine Tranier-Brard, du livre « Devenir biographe, prêter sa plume pour écrire la vie des autres« .
En septembre, en résidence au domaine des herbes à Touques, elle animera un atelier « écrire la vie sur les pas d’Annie Ernaux ». Actuellement complet, ce stage en résidentiel est susceptible d’être dédoublé et réouvert à l’inscription.